Rock & Folk

Bill Ryder-Jones

- VIANNEY G.

“Iechyd Da”

Bill Ryder-Jones est un peu aux Coral ce que Gene Clark a été aux Byrds : l’âme en peine de service. Voyez-le dans l’un de ses clips, pauvre hère à la dérive sur une triste jetée, le temps est lourd — nous sommes en Angleterre —, contrarié d’être malheureux, trop cool et de toute façon trop accablé pour se donner la peine de réellement chanter. Pas besoin, le borborygme éteint qui lui tient lieu de délivrance suffisait à faire de “Don’t Be Scared, I Love You” l’une des meilleures chansons d’amour de ces dernières années. Le Liverpuldi­en n’échappe pas toujours à l’emphase : “Iechyd Da” (pronounced yak-ih dah, “bonne santé” en gallois) est de tous ses albums celui à la production la plus chargée, avec des violons souvent envahissan­ts (“How Beautiful I Am”), un choeur de gamins trop mignon pour être honnête et un chant parfois franchemen­t souffreteu­x (“It’s Today Again”). C’est donc lorsqu’il n’essaie pas de tirer des larmes à toute force que Ryder-Jones parvient à émouvoir, par exemple avec “Christinha”, digne des derniers Pete Doherty, avec “… And The Sea…” sur lequel Michael Head, le responsabl­e de ce classique qu’est “The Magical World Of The Strands” — essayez “Queen Matilda” —, déclame un extrait indéchiffr­able de l’ “Ulysse” de James Joyce, ou encore avec “I Know That It’s Like This (Baby)”, beau titre de rupture (“Je suis heureux que tu t’amuses sans moi/ Mais j’aimerais autant ne pas le savoir”) s’ouvrant sur un sample fantomatiq­ue et inattendu de “Baby”, morceau de Gal Costa et Caetano Veloso ayant, paraît-il, rythmé ladite rupture, suivi par une basse à la Herbie Flowers — premier clin d’oeil de l’album à Lou Reed, l’autre étant les cordes en ouverture de “If Tomorrow Starts Without Me”, hommage à celles de “Street Hassle” — et des pa-pa-pa ensommeill­és. A se procurer au rayon des coeurs perdus.

★★★1/2

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France