Rock & Folk

A l’époque des Strokes et des White Stripes, la musique délicate de Michael Head n’avait pas sa place

- NICOLAS UNGEMUTH

On avait rencontré pour Rock&Folk les deux intéressés à Londres. Des gens charmants qui ne semblaient pas trop miser sur un succès qui, finalement, n’est jamais venu. C’était en 1999. Peu impression­né par “H.M.S Fables”, on a donc négligé “… Here’s Tom With The Weather”, sorti quatre ans plus tard. Grave erreur. C’est ce que Michael Head a fait de plus génial avec The Strands. Une enfilade de chansons somptueuse­s où sa patte, car Head est un vrai styliste, est immédiatem­ent reconnaiss­able. La production, les arrangemen­ts, sa voix, tout est féerique sur cet album grandiose. Et cette fois-ci, il a fait ce qu’il aime faire, au lieu de tout simplifier comme sur le précédent. C’est-à-dire une pop ouvragée, légèrement mélancoliq­ue, ultra mélodique, avec un hommage aux Byrds qui ne sonne pas comme les Byrds (“Byrds Turn To Stone”), quelques espagnolad­es à la trompette comme un clin d’oeil à Love, et c’est tout. Shack ne donne pas dans le pastiche, “…Here’s Tom With The Weather” est du pur Michael Head, un album qu’on peut écouter tous les jours pendant plusieurs semaines sans jamais en faire le tour. Il n’a pas fonctionné. Tout comme le suivant, “The Corner Of Miles And Gil”, sorti sur le label de Gallagher, et le best of de 2007, “Time Machine”. Michael Head a par la suite monté le Red Elastic Band, une fois de plus le succès a préféré se dérober. Pour autant, Head n’est pas un loser. C’est un génie qui a vendu nettement moins de disques qu’Oasis mais qui a signé des chansons nettement plus intéressan­tes. “… Here’s Tom With The Weather” est, avec l’album des Strands, la porte d’entrée idéale pour découvrir son talent, immense.

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