Rock & Folk

Bobby Darin

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“COMMITMENT”

Direction Records (Import Gibert Joseph)

Au registre des décisions courageuse­s, il faut noter celle-ci. De la fin des années cinquante au début des années soixante, Bobby Darin a été l’un des rois de Las Vegas en proposant une sorte de pop de crooner flirtant légèrement avec le rock, hyper bien chantée, et assénée avec une classe sans équivalent en dehors d’Elvis. Il était en quelque sorte une espèce de Frank Sinatra pour les jeunes. Né Walden Robert Cassoto, il a enchaîné les tubes avec des choses magistrale­s comme “Dream Lover”, “Beyond The Sea”, “Splish Splash” ou un phénoménal “Mack The Knife”. Il était réellement une star, avec une présence scénique magistrale dans son costume impeccable... L’argent est tombé, la gloire est passée, avec la mode. Il aurait pu continuer à labourer le même sillon, mais Darin n’était pas un idiot. Dès 1968, il a décidé de changer de voie et de coller à la musique qu’il aimait. “Bobby Darin Born Walden Robert Cassotto”, de très bonne facture, a été un bide. Un an plus tard, avec ce “Commitment” (sorti à l’époque avec une autre pochette), il remettait le couvert et se lançait, moustachu, avec une veste en jean et un chapeau de cow-boy, dans cette sorte de country folk qui explosait grâce à Bobbie Gentry et ensuite Kris Kristoffer­son. Les compositio­ns sont rarement bouleversa­ntes, mais l’ensemble dégage un charme puissant. Darin, atteint d’une maladie du coeur, savait qu’il n’allait pas faire de vieux os. Après l’échec de ces deux albums, il est retourné à Vegas en smoking, a rejoué les vieux tubes (sur les conseils de son ami Elvis) et est mort en 1973. Cet album fait penser à ceux de Dion et de Link Wray lorsqu’ils ont décidé d’emmerder tout le monde et de passer à autre chose. Ce n’est pas toujours grandiose, mais c’est invariable­ment fascinant. Surtout lorsque l’on connaît les enregistre­ments précédents.

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