Rock & Folk

Des rois de la baffe

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Iron Claw

Il y a deux façons d’aborder le catch au cinéma. Soit par le biais de la castagne drôle et décomplexé­e (“Super Nacho” avec Jack Black), soit de manière plus intimiste. En gros : à quoi ressemble la vie d’un catcheur hors du ring. Stallone en a fait le sujet de son premier long-métrage derrière la caméra avec le très social (façon “Rocky”) “La Taverne De L’Enfer”. Robert Aldrich également, avec “Deux Filles Au Tapis” où Peter Falk manage les combats de deux catcheuses baraquées et sexy dans les endroits les plus pouilleux de l’Amérique profonde. Et évidemment, le très dépressif “The Wrestler” de Darren Aronofsky où Mickey Rourke, le visage tuméfié et le coeur fragile, tente de revenir sur le ring vingt ans après sa gloire. “Iron Claw” de Sean Durkin, lointain cousin de “The Wrestler”, retrace une histoire vraie. Celle des frères Von Erich qui, dans les années quatre-vingt, ont marqué l’histoire de ce sport d’une façon aussi brutale que cartoonesq­ue. Trois frangins soudés qui, sous l’influence de leur père, entraîneur et lui-même ancien catcheur, sont devenus des rois de la baffe et du plaquage au sol. Si le film s’attarde trop sur de nombreux zigzags émotionnel­s sur fond de conflits intimes et de drames familiaux, on restera impression­né par Zac Efron, surtout connu pour avoir été le bellâtre de service dans des comédies romantique­s et niaises (“17 Ans Encore” ou la franchise des “High School Musical”). Pour son rôle de catcheur, l’Efron a donc pris autant de muscle que De Niro de graisse pour “Raging Bull”. Et côté acting, il est vraiment émouvant en Américain quasi bouseux au physique macho mais au mental profondéme­nt doux et humain (en salles le 24 janvier).

La Zone D’Intérêt

Grand Prix au dernier festival de Cannes, le dernier film du rare Jonathan Frazer (trois longs-métrages en trente ans, dans une carrière consacrée principale­ment aux clips) a un tout petit point commun avec “Les Rats De Manhattan” de Bruno Mattei, classique absolu du cinéma d’exploitati­on absurde. Dans le film de Mattei, situé dans un paysage postapocal­yptique, un acteur ouvre une porte, puis la referme illico avant de hurler à pleins poumons : “Il y a des milliers de rats derrière cette porte !”. Dans “La Zone D’Intérêt”, c’est presque pareil.

L’horreur est là, mais on ne la voit jamais. Pendant 1 h 46, on s’immisce dans le quotidien familial du nazi Rudolph Höss, dont le job consiste à faire massacrer des milliers de juifs. Pendant que sa femme aimante s’occupe du jardin et de la marmaille, à quelques mètres de là, derrière les hauts murs bétonnés du camp de la mort, on extermine des milliers d’innocents. D’un côté la banalité d’une vie de famille ordinaire, et de l’autre l’enfer absolu. Certes, le pari est stylistiqu­ement réussi. Jusqu’à la bande-son, très travaillée, qui fait deviner le cauchemar derrière la quiétude ambiante. Mais pour le coup, a-t-on le droit de dire que le parallèle glacial et constant entre ces deux mondes finit par devenir un peu répétitif et léthargiqu­e jusqu’à supprimer tout semblant d’émotion (en salles le 31 janvier) ?

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Iron Claw
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La Zone d’Intérêt

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