Faute de goût abyssale
Amelia’s Children
Le cinéma fantastique portugais est tellement rare que l’on ne pouvait qu’être intrigué par “Amelia’s Children” de Gabriel Abrantes. On suit le parcours prétendument cauchemardesque d’un homme qui, accompagné de sa copine, part dans le nord du Portugal pour retrouver son frère biologique et sa mère qu’il n’a jamais vus. Avec émotion pour les retrouvailles puis horreur quand il plonge au coeur de quelques secrets glauques familiaux enfouis depuis des lustres. Pourquoi pas ? Sauf qu’il y a un hic : le maquillage outrageusement grotesque de la mère, censé être suffisamment malsain pour mettre le spectateur dans une ambiance mortifère. Mais c’est tout l’inverse qui se produit : on est carrément gêné par les couches de latex, et surtout la bouche exagérément lippue de ce monstre censé être une sorte d’ogresse ayant une domination totale sur ses fils.
Une faute de goût abyssale, loin d’être rattrapée par le jeu des acteurs digne d’une telenovela brésilienne ou par d’autres séquences mélodramatiques sur fond d’inceste, de traumas enfouis et de lutte fratricide maladroitement grandguignolesques (en salles le 31 janvier).
Silent Night
Six ans que John Woo, roi absolu des polars de Hong Kong des années 1980/ 90 (“The Killer”, “A Toute Epreuve”) n’avait pas tourné. Et le revoilà signant, à soixante-seize ans, une série B lambda pour le compte d’Amazon. Ultra basique, certes, bien moins élégante que les films de sa période asiatique et presque au même niveau que ceux de sa période américaine (excepté son chef-d’oeuvre “Volte/ Face”). Bon, en soi, le scénario n’a rien d’encourageant. Suite à une rixe entre bad guys de pacotille, une balle perdue tue le gamin d’un homme qui, fou de fureur, entame une longue balade vengeresse, avec six mois d’entraînement intensif pour bander ses muscles, donner du poing correctement et devenir un as de l’arme à feu. Passé les quelques tics propres au cinéaste (envol d’oiseaux au ralenti, sentimentalisme niaiseux), la partie dure est d’une efficacité bien plus teigneuse que les trois quarts des séries B d’action sortant en VOD
(en diffusion sur Amazon Prime). ■