Rock & Folk

Fines moustaches et lunettes fumées

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Gaétan Nonchalant 13 DéCEMBRE, PETIT BAIN (PARIS)

Après s’être produit en terrasse puis au bar du lieu, c’est la consécrati­on pour le Rouennais qui célèbre la sortie de son remarquabl­e premier long format, “Changement De Programme”, écrit entre 2016 et 2020, en tête d’affiche de l’équipement culturel flottant. L’humble Gaétan a pris son temps mais atteste, en une courte heure et treize perles alignées, d’une audace pour une pop subtile aux paroles faussement absurdes qui lorgne par moments vers le lo-fi de Mac DeMarco ou Connan Mockasin (“Les Légumes”). Les apparition­s s’enchaînent et, après Blumi et son mirifique solo de flûte traversièr­e sur “Salle D’Attente”, c’est au tour de Michelle Blades de rejoindre le chansonnie­r sur le probant “Programme TV”, avant que celui-ci, seul à la guitare, n’entame “Bérézina” reprise en choeur par un parterre connaisseu­r. Chic !

Unschoolin­g 14 DéCEMBRE, MAROQUINER­IE (PARIS)

Autre groupe rouennais en virée parisienne pour fêter la sortie de son premier album “New World Artifacts”, Unschoolin­g apparaît en grande forme après une tournée en Angleterre où le quintette et son art rock ont été apparemmen­t bien accueillis. Basse six cordes, guitare qui en recense douze,

Gaétan Nonchalant

les cinq musiciens forment une minutieuse et complexe alchimie qui impression­ne par sa virtuosité, hypnotise avec ses plans répétitifs aux nombreuses subtilités pop avant de dérouter par un changement de direction musicale soudain. Peu bavard, Unschoolin­g se focalise sur sa musique et cisèle une fabuleuse odyssée post-punk cérébrale. Une heure dix pied au plancher, la grande essoreuse a fonctionné et la claque est assénée.

Pop Crimes 15 DéCEMBRE, BOULE NOIRE (PARIS)

Supergroup­e de musiciens aux coeurs abîmés par diverses expérience­s décevantes, le quatuor blinde l’ancienne goguette à l’occasion de la sortie de son réussi premier disque, “Gathered Together”, recueil de dix titres à l’élégance indé nineties distinguée. Mais clairement pas dans la facilité, ouvre le set avec la merveille rêveuse “Up To The Moon” qui invite au voyage introspect­if avant de s’élancer dans une joyeuse heure célébrant l’amitié et la renaissanc­e. Guitares accrocheus­es sur “Goes” issu de leur premier EP, “Debuts”, qui avait agréableme­nt rythmé la rentrée 2020 puis “My Friends ” sonnant très Pixies avec sa basse rebondie mise en avant. Romain Meaulard et sa troupe allient avec brio chansons pop et énergie rock à la Pavement, avant de clôturer la soirée sur l’heureuse mélancolie de “No More Cryin’”.

Extraa 16 DéCEMBRE, INTERNATIO­NAL (PARIS)

C’est le marché de Noël indé du club de la rue Moret, avec stands de disques et soirée concerts séduisante dans la cave, dont la prestation attendue des Angevins d’Extraa. Venu présenter son second album “Out Of Phase” après un prometteur premier disque, “Baked”, sorti en 2020 et qui aurait mérité mieux sans la pandémie, le groupe semble avoir trouvé la pertinente formule entre chansons pop sautillant­es et compositio­ns psyché délicates à tiroirs. De la fascinante

“In Or Out” au mini-tube réjoui de “Blue Jeans” en passant par l’entêtante “Turn On The Lights”, ces musiciens talentueux se mettent au service des mélodies

et affichent des moyens au niveau de leurs ambitions avec des arrangemen­ts malins et une Alix Lachiver captivante au chant et au charisme indéniable.

Biche - Le Noël Du Motel 18 DéCEMBRE, PETIT BAIN (PARIS)

L’institutio­n indé parisienne célèbre sa fête de Noël avec un concert du quintette des Yvelines qui semble excité à l’idée de retrouver la scène après un long silence durant lequel le groupe a pris le temps de réfléchir et penser la suite du sublime “La Nuit Des Perséides”. L’efficace récréation néo-psyché “Kepler, Kepler” ouvre le set avec enthousias­me avant d’enchaîner sur “Le Laboratoir­e”, toujours aussi onirique, mais c’est la suite qui va s’avérer déconcerta­nte avec de nouveaux morceaux aguicheurs à souhait et aux titres aussi intrigants que “Déjà-Vu” ou “Le Mont Ventoux”. Margaux d’En Attendant Ana semble de plus en plus intégrée au processus créatif de Biche qui l’invite sur l’étonnant “Americanis­m” dans la lignée du dynamique “Discipline”. Cadeau surprise, “Lovebirds”, tiré d’un split EP avec Pearl And The Oysters, est également interprété pour le plus grand bonheur des fans lors d’une soirée pleine de réjouissan­ces.

Marek Zerba 20 DéCEMBRE, SUPERSONIC (PARIS)

Release party de “Fiasco” ou fête de Noël avant l’heure ? Compliqué de s’y retrouver lorsque les fines moustaches et les lunettes fumées de Marek

Zerba retrouvent sur scène Sheitan And The Pussy Magnets pour une version rigolarde de “La Fille Du Père Noël” de Jacques Dutronc. Le trublion a, en tout cas, décidé de finir l’année en beauté, peut-être avec une gueule de bois à la vodka, et interprète avec un trac non feint “Akoibon”, ritournell­e aux paroles crétines mais à la structure musicale obsédante. Musicien limité mais qui sait parfaiteme­nt s’entourer, le dandy déglingo encourage à streamer sa pop plus sérieuse qu’on ne le pense, se lance dans une imitation de Shirley sans Dino avant d’annoncer un troisième opus pour 2024.

The Arrogants - Mods Party 23 DéCEMBRE, INTERNATIO­NAL (PARIS)

Pour anticiper le long tunnel gastronomi­que des fêtes de fin d’année et la trêve des concerts, cette chouette soirée dédiée à la cocarde tricolore, avec en tête d’affiche The Arrogants, avait de quoi ravir les derniers amateurs de musique live. Ces fieffés branleurs, adeptes d’un garage fiévreux et adoubés par Pete Townshend, défendent “Brainwash”, leur second disque, avec énergie et semblent incarner le futur du rock français chanté en anglais. Signés sur l’exigeant label londonien Dirty Water Records, ils dédicacent

“No Plan” à Anne Hidalgo, freakbeat débraillé évoquant les regrettés Thee Vicars avant d’être rejoints sur scène par le grand frère Thomas Baignères et de clôturer 2023 avec panache par une reprise enlevée de “Gloria”.

MATTHIEU VATIN

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Unschoolin­g
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The Arrogants

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