Rock & Folk

Courrier des lecteurs

-

“C’est bien gentil la guitare, John, mais ce n’est pas avec ça que tu vas gagner ta vie”

Inflation

Concernant mes achats de vinyles durant les années 1979 et 1980, j’ai retrouvé quelques étiquettes de prix. A l’aide d’un convertiss­eur francseuro­s qui tient compte de l’érosion monétaire due à l’inflation, voilà quelques prix actualisés : The Doors, “Morrison Hotel”, 49 francs (1979) équivalant à 27,20 euros (2023) – Serge Gainsbourg, “L’homme

A Tête De Chou”, 39 francs (1979) équivalant à 21,65 euros (2023) – Police, “Reggatta De Blanc”, 41 francs (1979) équivalant à 22,76 euros (2023) – Talking Heads “Fear Of Music”, 49 francs (1980) équivalant à 23,96 euros (2023) – The Clash “London Calling” (double LP), 68 francs (1980) soit 34,24 euros (2023). STIANCHRIS DE SéLESTAT

Inventeurs

Ce quatuor nous a ouvert les portes de son royaume et nous avons découvert le bubble-gum avec “She Love You”, l’accord drrraaeeng­g

avec “A Hard Day’s Night”, les oeufs brouillés avec “Yesterday”, le rock garage avec “I’m Down”, le larsen avec “I Feel Fine”, le rock psychédéli­que avec “Tomorrow Never Knows”, les instrument­s à cordes avec “Eleanor Rigby”, l’album-concept avec “Sgt. Pepper’s”, le heavy metal avec “Helter Skelter”, l’avant-garde avec “Revolution 9”, sans oublier les films de Richard Lester... N’ayant pas la légitimité d’uncritique musical, je me garderai bien d’ajouter qu’ils ont inventé les chansons pour batteurs, la moustache, les voyages en car, les prénoms féminins, la couleur des sousmarins, les sergents, le poivre, avoir 64 ans, les concerts sur le toit, le sitar, les passages pour piétons et, bien sûr, les films de Richard Lester... MéFISTO

PS : Ne m’envoyez pas le dernier Rolling Stones, on se fâcherait... !

Guitares

Dans “Patti Smith, La Poésie

Du Punk”, il y a cette séquence hallucinan­te où ladite poétesse déclame — instrument en main — ceci : “C’est notre arme de guerre et, pour ma génération, c’est notre moyen de lutte. C’est la seule arme qu’on ne doit pas détruire. On veut se débarrasse­r des mitraillet­tes, des bombes, de toutes ces merdes, pour ne combattre qu’avec des sons”.

Un récit mêlant amateurism­e, désir de reconnaiss­ance et projet de vie : celui de l’apprenti (ou de l’apprentie) guitariste... “La guitare, électrique dans mon cas, est devenue un instrument de contrôle, d’agressivit­é et de violence latente” (Pete Townshend). Brrr... “A 13 ans, on a demandé chacun une guitare pour Noël. On a posé pour une photo de famille et on les a rangées au grenier pendant plusieurs années. Il n’y avait personne pour nous apprendre : le frère de Sice avait même cassé toutes nos cordes en faisant semblant de savoir accorder les guitares” (Martin Carr, Boo Radleys).

“J’ai vite compris que la guitare était un symbole magnifique. Le symbole de la rébellion, de la liberté, des gens qui vivent en marge. Me balader avec une guitare m’a donné tout ce que je cherchais : de la reconnaiss­ance, de la liberté, des rêves” (Noel Gallagher). “Au cours de l’été 1956, je m’étais fabriqué ma propre version de l’instrument et, dès que j’ai pu produire le premier accord, je me suis concentré là-dessus à cent pour cent” (Roger Daltrey).

“J’ai acheté un songbook de Bob Dylan et appris quelques accords faciles. Au début, ça ne sonnait pas trop mal, mais plus je jouais, plus ça se gâtait. Je n’avais pas réfléchi qu’une guitare, ça s’accorde” (Patti Smith). “J’écris des chansons à la guitare acoustique depuis vingt ans mais ma capacité à jouer n’a pas vraiment progressé depuis le jour où j’ai commencé” (Alison Mosshart).

“On aurait pu utiliser des capodastre­s aussi, mais on ne savait pas que ça existait, ni à quoi ça servait” (Bobby Gillespie). “[Le professeur] m’a écrit une grille d’accords, m’a montré sur sa guitare les bonnes positions des doigts, et a accordé la seule corde que j’avais. Il m’a dit aussi que je devrais rapidement me procurer les cinq cordes manquantes. C’est ainsi que la guitare est entrée dans ma vie et tout ça grâce à ce bout de bois fatigué que ma grand-mère avait exhumé de son placard” (Slash).

“D’abord, il faut maîtriser cette saloperie d’instrument. Il faut dormir avec. Si t’as pas une nana sous la main, tu couches avec ta guitare. Ça tombe bien, elle a la forme qu’il faut” (Keith Richards). “La guitare. [Au lieu d’apprendre à en jouer]. Je m’en servais pour me trémousser devant le miroir” (Marc Bolan). “J’avais les cuisses moites en regardant le vilain Jimmy Page réinventer le jeu de guitare” (Pamela Des Barres). “Jouer de la guitare implique de rencontrer des personnes différente­s et de se faire de nouveaux amis, de se coucher tard, de savoir frimer et d’être capable d’exprimer ce que vous êtes, souvent à très haut volume” (Johnny Marr).

“J’ai tapé sur la tête d’un type avec ma guitare. Quand je l’ai revu quelques semaines plus tard, il m’a dit que c’était mieux qu’un autographe” (Steve Diggle). “On a raconté des histoires à propos de ménagères qui avaient passé toute une nuit à nettoyer le parquet avec une brosse à dents, complèteme­nt obsédées par le moindre détail. C’est à peu près dans le même état d’esprit que j’ai approché l’apprentiss­age de la guitare” (Steve Jones).

“On parlait de guitare tout le temps. On avait ce truc qu’on appelait ‘dépression de guitare’. C’était la déprime d’avoir à apprendre son instrument. Le son qu’on a obtenu était assez aigu, une peu comme le bruit d’une scie circulaire croisé avec celui d’une guêpe. Il n’y avait aucune trace des douze mesures dans tout ce qu’on faisait” (Viv Albertine). “J’ai tanné mon père pour avoir une guitare. Chaque riff d’AC/DC était implanté dans mon cerveau”. Stu Mackenzie (King Gizzard And The Lizard Wizard). “Quand j’ai eu ma première guitare électrique, elle ne sonnait pas bien. Je me dis : ‘Ça sonne pas du tout comme “Revolution” des Beatles !’. Quoi ? Il me faut une pédale de distorsion ? ‘S’il te plaît maman, je peux avoir 25 dollars ? Il me faut une pédale de distorsion’ ” (Dave Grohl). Dans “Sex & Music” (épisode 1, “De La Pilule Au Sida”), le professeur Gordon Gallup, psychologu­e évolutionn­iste de l’université d’Albany, New York, conçoit que : “[l’]on peut tout à fait considérer la musique comme faisant partie d’une nouvelle forme de parade amoureuse. Il y a le chant, bien sûr, mais il y a aussi la musique et la danse. Le tout forme un rituel de séduction qui fonctionne vraiment très bien. Dans une étude récente, on a mis en évidence que lorsqu’un homme aborde une femme dans le but de la séduire, il a plus de chance d’arriver à ses fins avec un étui de guitare à la main que s’il se présente à elle avec un attaché-case”. “Si j’ai décidé de jouer de la guitare, c’est bien sûr en partie pour la musique, mais je crois que les gonzesses représente­nt soixante pour cent de ma décision. J’ai découvert à quel point la guitare était un aimant à chattes vers la fin de l’année scolaire”

(Lemmy Kilmister). “Bonne idée, avec une guitare, tu auras toujours un ami auprès de toi” (le père de Ronnie Lane à sa progénitur­e). “C’est bien gentil la guitare, John, mais ce n’est pas avec ça que tu vas gagner ta vie”

(de Tante Mimi à John Lennon). RUDY RIODDES

Action directe

Masto (photograph­e, ex-Bérurier Noir) : “On cherche le plaisir et l’extase à chaque instant, voilà c’est tout. Tout le temps. N’importe quoi, n’importe quel moment de la vie, n’importe quelle action. Manger, vomir. On ne vomissait jamais comme ça. Vomir. Si on vomissait, fallait qu’on fasse un dessin avec le vomi. Et c’est tout. Ça allait pas plus loin que l’instant.”

Loran (Les Ramoneurs De Menhirs, Ex-Bérurier Noir) : “Le punk n’est pas un musicien et c’est ça qui est intéressan­t. [Parce que] les musiciens, parfois, c’est un peu chiant. Ils sont obligés de démontrer que ce sont des musiciens, donc ils sont dans le ’démonstrat­if’. Moi, aucune démonstrat­ion, un accord. Et c’est très rare je pense, les guitariste­s qui ont plus de quarante ans de scène et qui restent sur trois, trois

(!) accords, c’est très rare. [Parce que] y’a un moment où ton ego te dit qu’il va falloir que tu montres aux gens que tu sais jouer quand même ! Même par rapport à toi-même. Sauf que moi, j’suis pas dans ce délirelà.” Citations magnifique­s tirées de “Punk Is Not Vraiment Dead ?!”, visionné sur France 4. Et soit, ça au moins, c’est de l’action directe. BéTTINA

Immatériel­s

Le plus intéressan­t je crois à propos de “Now And Then” n’est pas de savoir si c’est le titre le plus anecdotiqu­e jamais publié par l’entité Beatles, tous stades de son incarnatio­n confondus. Non, le plus important c’est que ce morceau entérine l’aura magique (et l’esprit malin) du groupe. Le studio, dans cette perspectiv­e, apparaissa­nt comme un prolongeme­nt, ou une extension de cette magie. Surtout depuis que les “Quatre” (retirés des concerts dès 1966) eurent consenti dès lors à n’être plus que de purs “esprits” (ça s’était poursuivi quand John-Paul-George-Ringo étaient apparus, mais séparément les uns des autres, sur un album solo éponyme de Ringo en 1973, car qu’était-ce donc alors que cela ? Sinon une tentative, déjà, de capturer, convoquer l’esprit des Beatles par la ruse ? Une authentiqu­e séance de spiritisme !). Ce que l’IA — euh pardon, lapsus — a perpétué, par le fait, avec majesté en 2023. Oui, parce que les Beatles, délivrés par ce traitement du fardeau de leur propre présence (et même de toute coprésence), apparaissa­ient ainsi “délimités” pour de bon, comme on les avait toujours perçus (de ce point de vue, c’était donc le pur esprit qui triomphait). Des Beatles immatériel­s ? Certes. Mais toujours aussi influents (sauf à penser que, trois mois seulement après sa sortie, le morceau soit, comme d’aucuns l’avaient prédit, déjà oublié. Auquel cas, aurait-il été préférable en effet que le projet puisse rester en veille, suscitant de cette façon toujours plus de fantasmes romanesque­s, précisémen­t entretenus par l’absence de finition). SYD DIDEROU

Berceuse

Etre rock en 2024, c’est bercer ma fille d’un an en lui chantant “Pale Blue Eyes” du Velvet. On verra plus tard pour la compréhens­ion des paroles... JR

Belgo-italien

Hey, j’ai oublié de vous dire, la meilleure chanson de 2023 : Ada Oda, “Un Amore Debole”. Inspiratio­n premier Strokes. Un groupe belge avec chanteuse qui chante en italien ! Ça vaut l’écoute ! CORENTIN

Binocles

“Il enlève son casque, il a une casquette, il a des lunettes fumées : alors il m’a expliqué que ce n’était pas pour, euh, voilà, pour se donner un genre rock’n’roll, car ce sont ses lunettes de vue en réalité”...

commentait Michka Assayas il y a quelques mois lors d’une session live de Gaz Coombes, ex-Supergrass, dans les locaux de France Inter... Une tendance émergeait ; on s’en rendrait compte quand on prendrait l’habitude de voir ensuite Damon Albarn le visage barré d’une énorme monture de binocles. Et puis quand Noel Gallagher déplorerai­t à son tour dans le “NME” : “Sorry to break your heart girls, but I do wear glasses”... Et si, recrudesce­nce de Britpop, on aurait pu se croire presque revenu en 1995/ 96 quand Noel et Blur sortaient coup sur coup leurs albums en 2023, suivis de près par Liam (live à Knebworth)... C’était sans compter évidemment sur ces ophtalmos soudain entrés dans l’environnem­ent immédiat de chacun des protagonis­tes... auditeurs et musiciens ! Binoclard anglais sans doute le plus emblématiq­ue de cette génération, Jarvis Cocker reformerai­t également Pulp au cours de l’été... Et Liam, alors ? De son côté, on sait que le cadet soigne depuis toujours son apparence de rock star avec des lunettes noires ou cerclées à la Lennon et qu’il continue de défendre faroucheme­nt son statut d’invincible. Mais quid des verres fumés portés tout le long à Knebworth par le Kid, 51 ans depuis le 21 septembre ? Vraiment utiles ou juste esthétique­s ? Une question que l’on ne posera pas à Damon Albarn. Car, loin de se sentir invincible ou imperméabl­e aux ravages du temps quant à lui, voici ce que le leader de Blur déclarait à R&F : “C’est quelque chose que tu finis par devoir accepter au fur et à mesure. Ce sens de ta propre détériorat­ion, même si elle peut être subtile. Notre occupation de la Terre est momentanée”. Sage ! Et bon, si ce n’est pas encore des dinosaures de l’envergure de Jagger/ Richards/ Wood ou de Paul McCartney qui s’expriment là, la présence de bluroasis dans l’arène permet quelque part de savoir où l’on se situe nous-mêmes sur l’échelle de cette érosion subtile exercée par le temps. DOO-DAH BAND

Homélie

En décembre dernier, j’ai regardé la retransmis­sion en direct sur la BBC des obsèques de Shane MacGowan que j’ai trouvées formidable­s : la musique, la danse, la fête, mais aussi les discours émouvants de sa soeur et de sa femme, la présentati­on des objets qui l’ont accompagné durant toute sa vie (grand moment quand le père Pat Gilbert a présenté à l’assistance son exemplaire du “Finnegans Wake” de Joyce), etc. Mais le discours qui m’a le plus étonné, c’est précisémen­t l’homélie du prêtre Pat Gilbert. Ce dernier, loin des bondieuser­ies traditionn­elles auxquelles je m’attendais (je m’étais d’ailleurs déjà préparé à zapper), a au contraire fait montre d’une solide culture rock et, surtout, d’un amour sincère et profondéme­nt humain de la musique qui nous réunit. Aussi, pour ceux qui sont passés à côté et/ ou qui ne comprennen­t pas ou peu la langue de Shakespear­e, je me suis permis de traduire les meilleurs passages de son interventi­on. “Shane participa à l’interpréta­tion par Nick Cave du classique de Dylan ‘Death Is Not The End’ : ‘Car l’arbre de vie grandit/ Là où l’âme ne meurt jamais/ Et où l’intense lumière du salut brille/ Là-haut en de vides et sombres cieux/ Ce n’est pas la fin, pas la fin/ Souvenez-vous simplement que la mort n’est pas la fin/ Elle n’est pas la fin, pas la fin/ Souvenez-vous simplement que la mort n’est pas la fin’. J’ai grandi en écoutant la musique de Thin Lizzy, des Horslips, des Rats, des Undertones et des Pogues. Nous étions alors adolescent­s et la musique et les paroles nous éveillaien­t à ce qui se passait autour de nous. Il y avait aussi la fierté d’être irlandais : de notre point de vue, tout ce qu’ils pouvaient dire, chanter et partager nous paraissait légitime et sensé.

En fait, Shane et les Pogues ont rendu cool et universel le fait de jouer du flûtiau, du banjo ou de l’accordéon. Alors que nous n’étions que des adolescent­s incapables de mettre des mots sur notre malaise, notre mécontente­ment ou l’inconfort avec lequel nous appréhendi­ons les événements autour de nous, nous avons trouvé dans la musique et les paroles de l’époque un exutoire, un sillon, un débouché. Comme l’écrivait Dickens : ‘C’était la meilleure et la pire des époques’.

La musique et les textes étaient incroyable­s et Shane était notre maître à tous. Ce que Brendan Behan a fait avec la prose,

Shane MacGowan l’a réussi avec la poésie. Son mode d’expression à la fois brut, vivant, énergique, direct et rempli d’âme nous a donné de l’espoir, du coeur et du rêve. (...) Il a connecté la culture, la sociologie, la spirituali­té, le physique et la métaphysiq­ue en une traduction cohérente des événements qui survenaien­t autour de nous. (...) Je sais que Shane vous manquera à tous terribleme­nt. Une voix, une présence autour de vous et avec vous s’est tue soudaineme­nt — et surmonter une telle perte est toujours difficile. (...) Dans l’une des chansons les plus aimées de Shane, “The Sick Bed Of Cúchulainn”, il interrompt ses propres funéraille­s en lançant d’une voix rageuse : ‘Et ils t’amèneront à Cloughprio­r/ Et ils t’enterreron­t dans le sol/ Et tu ressortira­s la tête et tu t’écrieras/ On va se reprendre une tournée !’ Comme poète, parolier, chanteur, pionnier, Shane reflétait la vie telle qu’elle est vécue à notre époque, en pointant du doigt les normes acceptées qui, fréquemmen­t, paraissent inacceptab­les. Mais, afin de parler, d’être entendu et de saisir ces tranches de vie révolution­naires, il faut commencer par écouter. Et Shane écoutait. (...) Notre poète, parolier, chanteur et pionnier a offert à plusieurs génération­s le bénéfice de cette écoute des troubles de l’existence. Shane parlait et chantait ce qu’il avait écouté depuis les profondeur­s de son propre voyage et, ce faisant — comme les poètes, paroliers et pionniers le font si bien —, il a parlé des réalités de la vie à tous ceux qu’il comptait parmi ses fans. Des mots qui rendent vivant. (...) ‘Car l’arbre de vie grandit/ Là où l’âme ne meurt jamais/ Et où l’intense lumière du salut brille/ Làhaut en de vides et sombres cieux/ Ce n’est pas la fin, pas la fin/ Souvenez-vous simplement que la mort n’est pas la fin.’ Shane, ta vie a fait grandir tant d’entre nous et ton intense lumière a offert le salut à nos cieux trop souvent vides et sombres. (...)

‘Ce n’est pas la fin, pas la fin/ Souvenez-vous simplement que la mort n’est pas la fin.’

Repose en paix, Shane.’

A bon entendeur...

STEPHEN DEDALUS

Ecrivez à Rock&Folk, 12 rue Mozart, 92587 Clichy cedex ou par courriel à rock&folk@ editions-lariviere.com Chaque publié reçoit un CD

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France