Rock & Folk

Laetitia Sadier

“Rooting For Love” DRAG CITY/ MODULOR

- ★★★ THOMAS E. FLORIN

Elle est l’un des rares exemples de carrière réussis en dehors de notre pays. Alors qu’une génération complète de musiciens tente de s’échapper de la cage d’indifféren­ce qu’est la France, Laetitia Sadier, née près de la prison royale de Vincennes, est l’exemple même de la possibilit­é, quand on vient d’ici, d’inscrire son oeuvre à l’extérieur de nos frontières. Cela, elle l’a fait tôt avec Stereolab, un groupe largement identifié comme anglais alors que son acte fondateur, la rencontre entre Sadier et Tim Gane, s’est passé à Paris. Plus rassurant encore : depuis la séparation du groupe, Sadier continue sa carrière sur un plan internatio­nal — ses albums sortent chez Drag City — travaillan­t avec des musiciens de tous pays. Son premier album solo, “The Trip” (2010) avait été produit par le regretté Richard Swift, quand dès la suite — “Silencio” — elle s’est mise à collaborer avec les excellents Aquaserge. En 2024, elle sort son quatrième album, “Rooting For Love”, et les préoccupat­ions “politiques, dues à l’époque”, y sont plus présentes que jamais. Les harmonies, l’ensemble, l’émotion et toutes ces choses centrales dans sa musique faussement minimale expriment l’idée de réparer un monde qui semble cassé. Etrangemen­t, le symbole ici, un choeur qui représente l’harmonie, fait penser aux BO de Michel Magne et aux premières production­s Tricatel. Autre élément hexagonal : sur huit chansons, trois sont écrites en français. Voilà qui pose la question d’à quoi aurait pu ressembler sa carrière uniquement dans cette langue. Si depuis ses débuts, elle écrit avec aisance dans les deux idiomes, tant l’utilisatio­n de l’un ou l’autre n’affecte jamais la musique ou la tessiture de sa voix, on se demande tout de même si ses chansons ne gagnent pas, parfois, à ne pas être comprises du premier coup. Du moins, par le public français.

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