Rock & Folk

Bernard Allison

- ★★★ STAN CUESTA

“Luther’s Blues” RUF RECORDS

Luther Allison était l’un des derniers bluesmen de la grande époque. De ceux qui avaient connu le Chicago de Muddy Waters et d’autres géants qui y avaient fait leurs armes. Parmi ses chefs-d’oeuvre, son formidable premier album pour Motown, “Bad News Is Coming” de 1972, et le suivant, du même titre que cet hommage, “Luther’s Blues” en 1974 : des explosions de sons rugueux, à l’ancienne, pleins de soul, avec un vrai groove. Par la suite, Luther n’a malheureus­ement pas été épargné par la production des années 1980, ce son calamiteux, clinique, avec des rythmiques trop fortes, des batteries énormes anti-swing et des claviers abominable­s. Sur ce double album hommage de son fils Bernard, on retrouve certains de ces travers. Dès le premier morceau hommage à Hendrix, “Hang On”, avec wah-wah et riffs complexes à fond, on est plus du côté des Red Hot Chili Peppers que de Jimi. Même “Serious”, le beau blues lent, celui que Bernard préfère, est presque gâché par sa production. Une vision du blues trop produite, trop propre, à la Eric Clapton si vous voulez — on ne parle pas de la musique, comprenez bien, mais du son... Ce disque compile vingt titres écrits par Luther et interprété­s au fil de ses albums par Bernard, qui s’est juré de faire vivre l’oeuvre de son père. C’est admirable. La musique, les chansons, le jeu de guitare, tout est formidable. Mais il faudrait une production moins clinquante, plus proche de l’os. Qui a dit Robert Finley ? C’est exactement ça. Si Bernard Allison avait su faire ce que Dan Auerbach a réussi avec Finley, c’est-à-dire retrouver le son des sixties et des seventies, cet album serait prodigieux. Après, il y a des fans qui aiment leur blues bien propre. Ils sont même probableme­nt majoritair­es. Ils vont adorer ce disque.

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