New Model Army

“Unbroken” VERYCORDS

Depuis les Rolling Stones, beaucoup de personnes s’étonnent de la longévité des musiciens. Si pour la bande à Jagger, la raison est à trouver du côté de la joie juvénile d’empocher un pognon de dingue rien qu’en jouant au juke-box, chez d’autres, comme New Model Army, la raison est plus à chercher dans une solide détermination à défendre la lutte des classes et toutes les formes d’injustice sociale liées à l’histoire de l’Empire Britannique. En gros : la contestation, ça aide les gens à rester jeune sans passer par la case Botox. Dernier membre original, le guitariste et compositeur en chef Justin Sullivan a su bien s’entourer pour développer et concrétiser ses chansons en compagnie de personnes capables de s’impliquer totalement dans sa démarche. Sans l’aspect politique, New Model Army sonnerait comme une coquille vide ou, plutôt, un groupe de new wave standard oublié depuis des lustres. En ouverture, “First Summer After” résume à lui seul la force contenue dans ce seizième album : une voix pleine d’emphase qui appuie sur chacune des syllabes pour bien faire passer le message : celui de la parole indissociable de la musique. Pour enfoncer le clou, “Language” développe le sujet tandis que “Reload” en remet une couche sur les riches qui se gavent sur le dos du peuple. Par moments violent et sans concession, souvent lyrique et majestueux, cet “Unbroken” est surtout une incroyable suite de grandes chansons combatives, comme l’ode à l’accomplissement qu’est “Idumea”, ou alors “Deserters”, “Cold Wind” et... en fait, tout l’album. Depuis la sortie de “Vengeance” en 1984, le répertoire de NMA reste à ce jour le meilleur thermomètre pour prendre la température du mal de vivre ressenti aussi bien outre-Manche qu’ici même.