Rock & Folk

JJ Grey & Mofro

- ★★★1/2 BERTRAND BOUARD

“Olustee” ALLIGATOR

La dernière fois que la discograph­ie de JJ Grey s’était allongée d’une ligne, Barack Obama occupait encore le Bureau ovale de la Maison-Blanche. On ignore la raison de ce long silence, mais le fait est que l’homme de Jacksonvil­le, en Floride, est revenu aux sources, c’est-à-dire sur le vénérable label de blues Alligator qui publia ses albums au milieu des années 2000. Bonne nouvelle, le retour est ambitieux : une section de cordes, une autre de cuivres, moult choristes et une section rythmique du feu de Dieu. L’homme et sa musique ne sont pas simples à ranger dans une case, disons que cette dernière se trouve à la jonction de routes menant à la soul, au funk, au rock, avec des contre-allées blues et jazz, le tout baigné dans la moiteur tropicale du Sunshine State. L’album débute en douceur, et pas forcément de la meilleure des manières, avec “The Sea”, une ode à la mer qui prend l’eau sous le poids de l’emphase. Tout s’arrange derrière. JJ Grey retrouve ses grooves aux pistons parfaiteme­nt graissés (“Top Of The World”), convoquant parfois le mélange riffs sous distorsion/ section de cuivres cher à Chicago (“Free High”, “Olustee” et sa longue échappée finale de guitare). Sa voix, dans ce contexte, se fait rugueuse, puissante, malicieuse dans le phrasé (“Rooster”). Un certain nombre de morceaux plus tranquille­s mais intenses, également, tels l’épique “Seminole Wind”, dont les voiles se gonflent peu à peu, ou le final “Deeper Than Belief”, enluminé de flûte à la manière de Traffic. Largement de quoi raviver la flamme de ce gaillard attachant, consacré de l’autre côté de l’Atlantique, et qui mériterait de l’être (un peu) aussi de ce côté-ci.

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