Johnny Montreuil
“Zanzibar” LES FACÉTIES DE LULUSAM
Malgré son pseudo, Benoît Dantec dit Johnny Montreuil n’a rien d’un tribut à qui vous savez et ne fait pas non plus référence au fameux Johnny de Montreuil illustrant la couverture du livre “Le Cuir Et Le Baston”. Contrebassiste par goût du rockab’, chanteur postalternatif (dédiant son premier album, “Narvalo City Rockerz”, à Schultz de Parabellum, en 2015), il confirme sa forte personnalité dans ce troisième long jeu qui débute par un superbe instrumental d’ambiance western italien, “Ciao Narvalo”. Suit une version de “Lonesome Whistle” (Hank Williams) dont les couplets sont en français. Une intelligence d’adaptation permettant aussi à “Rebel Waltz” (Clash) de connaître une surprenante nouvelle vie. Confiée à Jean Lamoot (Mano Negra, Bashung, Noir Désir), l’irréprochable réalisation fait alterner accompagnement dépouillé (“Mysterious Pussy”) et le toutà-donf (“Ses Amours”) fourni par les fidèles Ronan Drougard (guitare), Kik (harmonica) et Steven Goron (batterie). La photo sur la pochette montre le portrait d’un artiste couvert de boue, comme s’il descendait de moto après avoir traversé l’enfer mais, comme tous les vrais durs, Johnny Montreuil a le coeur tendre, assez pour proposer un voyage exotique à Rosemary Standley de Moriarty (“Vers Les Iles”, en duo avec elle) ou s’émouvoir du passé (“Visions De Manu” où il évoque entre autres Frank Margerin)... L’album se termine par une version étonnante des “Goémons” (Serge Gainsbourg) pour laquelle le groupe crée une ambiance indus-free.
Avec une belle trogne à jouer dans “Du Rififi A Montreuil”, mêlant avec grâce blues, country, punk et chanson réaliste, Johnny Montreuil cultive une originalité réconfortante.