Raël, Le Prophète Des Extraterrestres

Autour d’une table avec Jésus, Moïse et Bouddha

Ceux qui vouent une passion aux ovnis et aux extraterrestres se sont forcément intéressés un jour au dénommé Raël.

Un vrai cas, le gars !

A la base, Claude Vorilhon (son vrai nom) se destinait à une carrière de chanteur. Il sort, dans la deuxième partie des années soixante, et sous le pseudonyme de Claude Cellier, quelques 45 tours foutraques qui font un four absolu d’une part à cause de leurs titres (“Sacrée Sale Gueule”, “Madame Pipi”, “Le Miel Et La Cannelle”) — qui font depuis la joie du site “Bide Et Musique” —, d’autre part à cause de son timbre de voix : il tente en effet d’imiter Jacques Brel... En 1971, il se reconvertit comme directeur d’une revue consacrée au sport automobile, la première du genre en France, dont la publication s’arrête au bout de trois ans. Mais que va devenir notre Vorilhon chéri maintenant ? Sa vie vrille soudainement en 1973, quand il assure avoir été témoin d’une apparition d’ovni. Il prétend dès lors être en contact permanent avec les Elohim, des extraterrestres qui seraient nos créateurs. Après s’être attribué le pseudonyme Raël, il se donne pour mission de faire construire une ambassade pacifique pour accueillir, un jour prochain, ses potes venus des étoiles. Tout cela tient évidemment de la folie pure... Sauf qu’à cette époque, la France, vingt ans après une première grande vague de signalisations d’ovnis, se passionne à nouveau pour ces vies venues d’ailleurs. Tout cela mêlé à une période encore très “peace and love” et “flower power” où une utopie généralisée tente de faire croire à tout et n’importe quoi, histoire d’espérer obtenir un monde idéal qui ne verra pas le jour. Jamais notre pays n’avait été aussi passionné par le paranormal, que ce soit par l’intermédiaire d’Uri Geller tordant des petites cuillères par la seule force de sa pensée en direct à la télévision ou par celui des guérisseurs philippins opérant des malades à main nue. Vorilhon arrive donc à point. Et se met à dériver sévère en créant une secte, le mouvement raëlien, dont le but est de soutirer 10% du salaire de ses disciples afin de construire la fameuse ambassade, plus 1% pour lui-même ! Et exercer au passage de multiples droits de cuissage sur de très jeunes filles. A cette époque, chaque fois qu’il passe dans une émission (aussi bien chez Christophe Dechavanne que chez Jacques Chancel), les audiences cartonnent. Bien plus tard, et par la voie d’une scientifique illuminée et totalement raëlisée, il prétend se lancer dans le clonage d’êtres humains. Une expérience qui, soi-disant, fut menée à terme le 26 décembre 2002, sans aucune preuve à l’appui. Raël est certes dingo, mais aussi totalement charismatique. Au point de faire croire à ses fans qu’il s’est rendu sur une planète lointaine et pacifique, celle des Elohim, où il aurait discuté le bout de gras autour d’une table avec Jésus, Moïse et Bouddha. Et face à de petits écureuils tout mignons à tête d’ourson ! En quatre parties, le documentaire “Raël, Le Prophète Des Extraterrestres” revient sur le cas de ce gourou pas comme les autres qui aura tout de même réussi à attirer 55 000 adeptes dans sa secte. Et qui est planqué depuis 2007 à Okinawa où il continue, à 77 ans, d’exercer (disponible sur Netflix)… ■