“Y a-t-il des vampires dans la place ?”
The Psychotic Monks 10 JANVIER, GAîTé LYRIQUE (PARIS)
Si “Pink Colour Surgery” avait de quoi déboussoler musicalement le fan par ses excursions noise et electro, le quatuor parisien toujours réputé pour ses prestations scéniques radicales bonde sans problème le centre culturel dédié aux arts numériques. L’occasion idéale pour ces militants et porte-parole des minorités de mettre en avant leur engagement pour la paix à Gaza avec des interventions de plusieurs activistes et de s’élancer dans une violente cavalcade saccadée en son 5.1. Rythmes et stroboscopes épileptiques sur “Crash”, timbre chevrotant de Paul sur l’étirée “Décors” pendant que Martin hurle ses pulsions sur un solo de trompette déclinant : le public encaisse l’intensité comme il peut, les yeux grands ouverts ou dans une trans extatique. Mais ne sort pas indemne de la performance de ses musiciens qui ont choisi l’art comme outil de réflexion sur le quotidien. MATTHIEU VATIN
Servo 16 JANVIER, BOULE NOIRE (PARIS)
Ce ténébreux trio s’était fait remarquer dès 2016 avec sa cold wave shoegaze de bon aloi avant d’être adoubé par John Dwyer lui-même, puis d’être signé sur le pointilleux label Fuzz Club. Mais pour la fête célébrant la sortie de leur troisième disque, “Monsters”, les Rouennais ont considérablement durci leur propos : guitare bruyante portée par chant gothique dès l’inaugurale “Thank You/ Maniac”, krautrock psyché pour le violent “Day And Night Monsters” ou décollage brutal sur “Yajna”. La musique répétitive et sombre de Servo fracasse et évoque l’aliénation, la folie ou l’isolation. Impressionnant de maestria, le groupe, cérébral et peu loquace, se concentre sur ses instruments et nombreuses pédales d’effets pour livrer une furieuse heure musicale ponctuée par la douce vieillerie onirique “Ô God”. MATTHIEU VATIN
Maxwell Farrington & Le SuperHomard 18 JANVIER, PETIT THéâTRE DE LA PASSERELLE (SAINT-BRIEUC)
Quelques jours avant la sortie de leur second album, le crooner australien Maxwell Farrington, le supercrustacé Christophe Vaillant et leur excellent groupe de musiciens ont offert deux soirées de douce ivresse pop dans le magnifique écrin de la Passerelle, petit théâtre à l’ancienne qui sied parfaitement aux ambiances feutrées de l’ensemble. Porté par un groupe virtuose — qui reproduit de façon convaincante les arrangements sophistiqués des albums —, le facétieux Farrington a autant séduit le public par son cabotinage que par sa capacité à traverser les octaves de sa voix chaleureuse. Une belle soirée pour un groupe qui mérite d’être vu en concert. ERIC DELSART
Saint Agnes 6 FéVRIER, ETOILES (PARIS)
“Y a-t-il des vampires dans la
place ?”, questionne Kitty A. Austen, énergique co-meneuse du gothique quartette, cuir clouté et fard à paupières sanguinolent. Dans l’ancien cabaret de la rue du Château-d’Eau, les spectateurs se convertissent un à un au culte de Saint Agnes, sciés par la puissance sonore déployée par ce quartette mixte et paritaire. La charismatique anglaise, déchaînée, scande et éructe, tandis que Jon James Tufnell, imposante silhouette aux cheveux bleutés, écrase l’audience sous de lourdes et (parfois) dissonantes guitares, entre Tom Morello et Trent Reznor. Sous un halo de fumée, Andy Head fait trembler les murs d’une frappe titanesque évoquant Dave Grohl, bien épaulé par la bassiste Maxine Cahill. “Vampire” et “Outsider” ensorcellent avant “This Is Not The End”, ballade sensible dédiée par Kitty, les yeux fermés, à sa mère disparue. Sur “Repent”, très Rage Against The Machine, elle bondit dans une foule en plein pogo, avant l’exutoire rageur de “Middle Finger”, qui clôt une prestation trop courte — cinquante petites minutes — mais totalement convaincante. JONATHAN WITT
Robert Finley 6 FéVRIER, ROCKSTORE (MONTPELLIER)
Ses albums produits par Dan Auerbach sonnent tellement bien qu’on appréhendait de le voir sur scène. Combien de “soul men” de légende a-t-on vu cachetonner avec des mercenaires ringards ? Réponse : beaucoup — Johnny Guitar Watson, Rufus Thomas, Bobby Womack et tant d’autres... Mais les craintes étaient infondées. Le trio de blancs-becs accompagnant Robert Finley est impeccable : un bassiste souple et discret, un batteur excellent mais sobre (qui chante !) et un guitariste barbu à chapeau et veste en jean — look millésimé George Harrison 1971 — parfait. Avec sa fille aux choeurs, Finley interprète d’une voix sublime des chansons très personnelles, allant du blues à la soul, ponctuées de speeches drôles et touchants.
Un concert incroyable, devant une salle bondée.
Un truc presque anachronique. STAN CUESTA