Rock & Folk

Les Nuits De L’Alligator

26, 27, 28, 31 JANVIER ET 7 FéVRIER, MAROQUINER­IE (PARIS) Le sympathiqu­e festival itinérant fêtait sa 18ème édition avec au programme les musiques traditionn­elles américaine­s interprété­es dans douze salles à travers la France.

- Théo Lawrence

Pour la partie parisienne, soirée one-manbands avec, pour débuter, le jovial Matt Van T., sa guitare folk, son harmonica autour du cou et son lourd accent sudiste, mais qui est originaire de Lille. Americana, bluegrass, hillbilly, le Nordiste dompte les genres et charme avec “Lone Lazy Fella”, son ode à l’oisiveté. Dix ans après la sortie de “Moan Snake Moan”, le Suédois Bror Gunnar Jansson fête avec élégance, émotion et dextérité cet anniversai­re qui coïncide également avec son premier passage au festival, et clôture sa raffinée prestation par une impétueuse version du “Ain’t No Grave” popularisé­e par Johnny Cash. Le lendemain, les Néerlandai­s de Jimmy Diamond en formule trio ne se ratent pas pour leur premier concert français et défendent “You Radiate”, leur disque fasciné et façonné par l’americana seventies avec assurance et bonne humeur.

Israel Nash n’est plus à présenter, même si “Ozarker”, son dernier disque, et sa production moins vintage ont pu faire débat parmi ses fans, sur scène c’est l’épiphanie avec un son massif et un groupe prodigieux, chaudement acclamé. Troisième soir bipolaire entre Nat Myers et son blues rural, produit par Dan Auerbach, qui invite à taper du pied, et la grâce de Théo Lawrence.

En solo et sans gomina, le crooner dégaine une vingtaine de titres tirés de ses récents “Chérie” et “Pickin & Singin’ ” et d’autres inédits jamais enregistré­s (les fabuleux “Date With Myself” et “Penny’s Chair”) avec une élégance folle. En milieu de semaine, Muddy

Gurdy réalise le grand écart entre l’Auvergne et ses légendes volcanique­s mêlées à la musique traditionn­elle du Mississipp­i. L’intrigant trio français (chanteuseg­uitariste, un joueur de vielle à roue et un percussion­niste) s’avère une excellente surprise, entre son entêtant “Mg’s Boogie” composé en altitude et sa reprise en final de “Skinny Man” de RL Burnside avant l’attraction funk Gypsy Mitchell. Agé de 72 ans et en pleine forme, le guitariste lance (enfin !) sa carrière solo après avoir fait ses gammes dans The Relatives et débarque sur le “Jungle Boogie” de Kool And The Gang tel un boxeur revanchard et une grosse dose de fun, de gospel et de psychédéli­sme toute en open tuning avant une version majestueus­e de “Knockin’ On Heaven’s Door” en rappel. Pour l’ultime soirée, et comme à son habitude, la fabuleuse paire brasilo-danoise de The Courettes dynamite la salle de la rue Boyer en délaissant le côté

spectorien de ses morceaux sur disque pour un énervé set garage tout en sueur. Gyasi ne sourcille pas et l’intégratio­n de Leilani Kilgore en tant que nouvelle guitariste donne encore plus d’épaisseur à la fantastiqu­e épopée anachroniq­ue offerte pendant une heure et demie par le phénomène rétro-glam-seventies en clôture du festival. MATTHIEU VATIN

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