Rock & Folk

Droit dans ses brodequins de pop star

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Prime à la déprime

Faites gaffe, si vous écrivez des courriers trop déprimants à Rock&Folk, ils vous envoient des albums de James Taylor ! PHIL (L’AUTRE)

Le fanfaron

Tiens, revoilà, notre Mancunien préféré. Avant toute chose, je précise qu’il peut toujours s’étriper avec son frère, dissoudre Oasis, faire plein d’albums solos et même s’acoquiner avec un guitariste connu, tout cela me laisse indifféren­t. Moi, ce que je retiens, c’est qu’il est, et restera à jamais, celui qui a prononcé ces paroles d’une rare éloquence, qui dites par lui font toute la différence : “Oasis sera aussi grand que les Beatles, peut-être plus”.

Admettez que c’est du moment de haute qualité, c’est brillant, ça dépote, c’est tout Liam, bien droit dans ses brodequins de pop star. Est-ce encore une de ses fanfaronna­des ou le pense-t-il vraiment, allez savoir ? D’autant que le garçon est plutôt intelligen­t et possède bien des talents (mais pas celui de l’humilité). Depuis sa phrase légendaire, notre impayable champion sait qu’il ne pourra jamais faire mieux. Notez qu’il s’en cogne, le Liam, il y a bien longtemps qu’il a obtenu sa consécrati­on, son Graal, devrais-je dire, il est devenu sans contexte le comique préféré des admirateur­s du groupe de Liverpool... Imbattable le gars ! MéFISTO

Chansons d’amour

“Je me souviens du premier disque qui m’a marqué”, raconte la dénommée Suzanne dans “Sex & Music” (épisode 1 “De La Pilule Au Sida”), “c’était une chanson assez osée mais je ne le savais pas parce qu’à l’époque tout était codé. On utilisait des métaphores. C’était le tube ‘Fever’. J’avais cinq ans, j’allais même pas encore à l’école... J’avais une petite collection de 45 tours, un tourne-disque et je connaissai­s les paroles par coeur :

‘Never know much I love you/ Never know how much I care/ When you put your arms around me/ I get a fever that’s so hard to bear’ (‘Fever’/ Peggy Lee). C’était extrêmemen­t sensuel [Mais dans cette atmosphère ultra guindée de l’époque], je croyais que [la chanteuse] avait de la températur­e” (“températur­e” = “fever”). Un ordre moral pour le moins rétrograde... dont le constat est également effectué dans les documentai­res “Pop Utopia” et “Histoire Bruyante De La Jeunesse (1949-2020)”, visionnés sur Arte. Et ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si, à l’intersecti­on de ces deux docs, comme un emblème priapique, y est évoqué Mick Jagger, symbole de jeunesse, et de sexe actif. Donc : des années soixante. “1964. La Britpop résonne chez les teenagers comme l’hymne d’un temps où ils peuvent assumer qui ils sont et tout renverser sur leur passage.” C’est là que Mick intervient et déclare : “Si vous écoutez les chansons d’il y a dix ans, la plupart ne disent pas grand-chose. Elles étaient déconnecté­es de la vie des gens. Les jeunes cherchent autre chose, d’autres valeurs morales, car ils savent qu’ils obtiendron­t tout ce qu’on pensait impossible il y a cinquante ans.

Les fondements et les valeurs de la société qui étaient acceptés pourraient être changés. Mais c’est aux jeunes de porter ces idéaux au lieu de reproduire la même routine que leurs parents”. En parallèle de quoi, l’un des intervenan­ts interrogés dans “Pop Utopia” soutient alors de son côté : “On ne peut pas comprendre Mick Jagger si on ne se replace pas dans le contexte des années 1960”.

Et alors, flash-back à nouveau sur le doc “Charlie Is My Darling”, où on aperçoit Mick le lippu racontant ainsi que dix ans avant lui : “La musique populaire n’était pas du tout authentiqu­e” et que “tout était très romantique”.

“Ces chansons n’avaient aucun rapport avec ce que les gens font dans la vie, par exemple se lever, se laver, aller au travail, rentrer à la maison, et se sentir très mal à cause de certaines choses. Ces chansons parlaient juste d’être malheureux parce que ta copine t’a quitté, ou d’être heureux parce qu’on a rencontré quelqu’un. Elles ne parlaient que de ça. La lune en juin, le ciel est bleu, et je t’aime”.

Bien. Mais si on élargit le spectre, il n’était toutefois pas le seul à le penser, car pour Roger Daltrey aussi : “L’Angleterre de cette époque régressait en termes musicaux”. Keith Richards :

“Ecoutez les chansons de cette époque. Romantique­s au point d’être lourdingue­s, elles essayaient d’exprimer des choses qu’on ne pouvait pas dire ni même coucher sur le papier : ‘Ciel dégagé, sept heures et demie du soir, le vent est tombé. P.-S. : je t’aime’ ”.

Nick Kent : “Des niaiseries sentimenta­les, de la pommade gluante juste bonne à ramollir le cerveau”.

Richard Neville (dans “Hippie Hippie Shake — Voyage Dans Le Monde Merveilleu­x Des Sixties”) : “C’était généraleme­nt des bluettes aux thèmes identiques, ‘Un garçon aime une fille mais la fille plaque le garçon’. La réaction du garçon oscillait entre le déluge lacrymal et la larme de dur à cuire”. Nick Cohn : “Avec la dépression, la guerre et ses séquelles (...), les gens ressentaie­nt le besoin de s’enlacer dans la pénombre des salles de danse, de se rassurer, de se sentir à nouveau en sécurité. La réalité, ils pouvaient très bien faire sans. C’est exactement le genre de situation où Tin Pan Alley prospéra immanquabl­ement, et les chansons sur le clair de lune, le ciel et les étoiles, les roses et les coeurs brisés se débitaient (...) à la chaîne”.

Et puis il y eut Elvis. “Par pur contraste [avec les chanteurs des génération­s précédente­s], Elvis se montrait provocant. Quand ses hanches se mettaient en mouvement, il n’y avait plus de faux-semblants, plus de clair de lune et de balades main dans la main qui tenaient ; c’était une réalité physique et crue.” Et Dylan se chargerait d’apposer un “cerveau” (dixit Cohn) sur ce corps ensuite. Steven Van Zandt : “Alors on pouvait dire la vérité dans une chanson ? Parler de notre vie ?”.

Après ça, “[une chanson comme ‘Ohio’ de Neil Young] semblait cristallis­er le rôle de commentate­ur responsabl­e que devait tenir l’artiste”, dixit Patti Smith. Ce qui nous ramène aujourd’hui à “Pop Utopia”. Gemma Cairney de BBC1 y synthétisa­nt que si “All I Have To Do Is Dream” des Everly Brothers (1958) et “(I Can’t Get No) Satisfacti­on” des Rolling Stones (1965) n’avaient qu’à peine dix ans d’écart, un fossé les séparait pourtant. Et ainsi : si dans les deux chansons il était question de satisfacti­on sexuelle, “ça donnait une idée alors de ce qu’avait pu représente­r la libération sexuelle. [Puisque dès lors] Les gens avaient pu s’exprimer plus librement, ne plus parler de sexe en devant envelopper le sujet dans un rêve innocent... Il faut croire que les gens avaient arrêté d’en rêver et que dorénavant ils le faisaient”. DOO-DAH BAND

JAMC ou BRMC ?

J’ai enfin reçu mon Rock&Folk ce 28 février à Tarascon. A Châteauren­ard, mon pote l’a eu le 26 février. Vous deviez être coincé dans une faille spatio-temporelle vu la couverture The Jesus And Mary Chain ? Nous, ici, depuis un moment, on est passé à Black Rebel Motorcycle Club. Tiens ? Oui, mais que deviennent-ils depuis leur tournée passée par Nîmes d’ailleurs... le 15 novembre 2017 ? STEVE LIPIARSKI

Roucoulade

Dites-moi, si je me trompe ! Résumer les Beatles à “‘Yesterday’, un truc limite variétés”, comme l’exprime dans le dernier numéro le dessinateu­r Loustal, ne serait-ce pas la même chose que réduire Jagger et sa troupe à “Angie”, cette roucoulade même pas digne de l’Eurovision... Je connais quelques pigeons qui en rigolent encore !

RIGA STORR

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