Rock & Folk

The Libertines

- VIANNEY G.

“All Quiet

On The Eastern Esplanade” VIRGIN RECORDS/ UNIVERSAL

De leur amitié orageuse, l’une des plus belles de l’histoire du rock, Peter Doherty et Carl Barât ont souvent tiré la matière de leurs chansons, de “Can’t Stand Me Now” à “What Became Of The Likely Lads”. Moins cons que les Gallagher, ils sont parvenus à mettre fin aux hostilités et n’en finissent plus depuis de se câliner devant les caméras de la BBC. La fraternité retrouvée restait le grand thème de l’album de la reformatio­n, “Anthems For Doomed Youth”, imparfait mais qui rassurait sur le fait qu’ils n’avaient pas besoin de singer leur propre passé pour sortir de grandes choses (“Dead For Love” et “Anthems For Doomed Youth” rivalisaie­nt avec n’importe quel titre des débuts). Huit ans plus tard, Barât persiste toujours à porter le marcel tandis que Doherty a décroché pour de bon de l’héroïne et trimballe avec beaucoup de grâce sa nouvelle silhouette de Sergent Garcia. L’ambition affichée pour ce quatrième album (“continuer d’écrire de belles chansons”) s’avère des plus simples. Si les chevauchée­s rock sont plus (“Run Run Run”, moins bordélique que leurs débuts) ou moins (“Oh Shit”) convaincan­tes, ce sont les morceaux les plus pop qui se détachent, au premier rang desquels “Night Of The Hunter”, majestueus­e ballade citant le “Lac des Cygnes” comme Public Image Ltd avant eux. Moins autoréfére­ntiel, “All Quiet…” est peuplé de figures esquissées avec une tendresse constante : il y a cette mère au foyer qui aime s’en jeter un quand les enfants sont à l’école (formidable “Mustang”, signé Barât), ces immigrés découvrant une Albion post-Brexit de plus en plus rétive à toute romantisat­ion (“Merry Old England”), un mystérieux parrain local (“Baron’s Claw”, jolie valse chaloupée), et même feu la reine mère (“Shiver”, superbe aussi). “All Quiet…” laisse espérer que les good old days sont encore devant nous. ★★★

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