Rock & Folk

Texas And Spooner Oldham

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“The Muscle Shoals Sessions” PIAS

L’expression légende vivante pourrait avoir été inventée pour Spooner Oldham (1943) qui, souvent en partenaria­t avec Dan Penn, a composé des merveilles définissan­t le style southern soul, “Dark End Of The Street”, “I’m Your Puppet”, etc. A l’été 2022, désireuse de réinterpré­ter une partie de son répertoire, Sharleen Spiteri (1967) alias Texas (vu le nombre d’albums dont elle orne seule la pochette, il y a longtemps que se confondent son nom et celui du groupe) se rend à Muscle Shoals, Alabama, au studio Fame, là où Spooner Oldham a bâti une partie de la légende du lieu. Au clavier, souvent un Wurlitzer (comme quand il tourne avec Neil Young), il accompagne la chanteuse écossaise dans une relecture de ses chansons. Quasiment aucun autre instrument n’entre en jeu, ce qui met naturellem­ent les voix (chant principal et choeurs) en avant et incite à mieux apprécier l’écriture. Sont mis à nu “Summer Son” (la production originale étant à l’exact opposé de celle-ci), “I Don’t Want A Lover” (premier simple du groupe, en 1989), “Keep On Talkin’ ” (enrichi de cordes ultra-discrètes), “The Conversati­on”

(“Tell me ’bout the dreams that haunt you/ Tell me ’bout your secret fears” — “Dis-moi les rêvent qui te hantent/ Dis-moi tes peurs secrètes”)... Pour deux reprises, Sharleen Spiteri ne se tourne pas vers les classiques du catalogue Fame, préférant “Would I Lie To You” (Charles & Eddie, 1992) et, dangereuse­ment ralenti mais soutenu par quelques notes de basse, “Save The Last Dance For Me” (Doc Pomus et Mort Shuman pour les Drifters, 1960). Une seule couleur pour tout un album, c’est risqué mais la délicatess­e de Spooner Oldham et l’extrême sobriété de la réalisatio­n donnent à l’ensemble une belle gravité presque religieuse. ★★★ JEAN-WILLIAM THOURY

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