Rock & Folk

Sean Ono Lennon

- JéRôME SOLIGNY

“Asterisms” TZADIK

On le sait, pour certains musiciens, le covid a eu du bon. Du côté de chez Sean Ono Lennon, ces périodes de déconnexio­n globale ont été synonymes de réflexion encore plus profonde qu’à l’accoutumée (Sean n’est pas le fils de John et Yoko pour rien). Des cogitation­s sur l’état de la planète et le pessimisme qu’il induit, sur l’âge qui rattrape tout le monde — et évidemment sa mère — l’ont mené à cette conclusion : sans niquer leurs barrettes de mémoire, les gens qui ont un cerveau doivent le reformater. Quand tout, ou presque, va à vau-l’eau, il faut viser la canopée. Se rattraper aux branches du haut, grimper dessus, lancer quelques lianes pour faire monter la famille et les proches, et construire des grands nids ou des petites cabanes, ce qui revient au même. De là, tout peut recommence­r. C’est à Manhattan, comme ses parents, que Sean Lennon a nidifié. Depuis la fin des années quatre-vingt-dix, il fait de la musique en bande et “Asterisms” est seulement son troisième album solo (le premier depuis l’encensé “Friendly Fire”, il y a dix-huit ans). Pourtant, Sean n’a pas chômé. Il a sévi dans Ghost Of A Saber Tooth Tiger (avec sa petite amie) et le Plastic Ono Band (avec sa maman), a signé des BO, produit des collègues, etc. “Asterisms”, qui paraît sur le label de son copain John Zorn, est totalement instrument­al. C’est un voyage de cinq titres opulents aux confins du jazz, de l’ambient, du prog rock et de la musique planante. C’est joué par huit êtres humains (dont la fidèle Yuka C. Honda), ça ne ressemble à rien de ce qui se fait, ça ne passera pas en radio et les ventes seront modestes. En revanche, ces étoiles-là envoûteron­t ceux qui feront l’effort de les décrocher, de les écouter avec attention, puis de les épingler au revers de leur veste, afin de se reconnaîtr­e entre eux. ★★★

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