Rock & Folk

High Llamas

- STAN CUESTA

“Hey Panda” DRAG CITY

Sean O’Hagan était, à ses débuts, un jeune vieux. Un élève surdoué directemen­t connecté aux génies du passé, en particulie­r à Brian Wilson, dont il semblait être l’héritier naturel — il avait même travaillé avec le maître. Depuis, il a aidé la terre entière, comme arrangeur, coauteur ou producteur, avec une certaine réussite. Les High Llamas étaient donc plus ou moins en veilleuse depuis “Radum Calls, Radum Calls”, en 2019, qui montrait déjà des signes de jeunisme dans les sonorités employées par Sean. Mais ça restait encore discret. Là, ça y est, on l’a perdu. C’est le monde à l’envers : maintenant qu’il est vieux, il veut faire jeune, sous l’influence de ses enfants — c’est lui qui le dit... Mais où va-t-on, si on commence à demander leur avis à nos enfants ? Bref. Il y a donc de l’Auto-Tune partout. Et de la boîte à rythmes moche. Du synthé pourri ? Il y en a aussi. Ça va être dur à avaler pour certains, pour qui c’est rédhibitoi­re. Ça commence dès le morceau titre qui ouvre l’album. On se dit que c’est rigolo. Que peut-être il veut faire un succès. Il le mérite, d’ailleurs. Mais est-ce vraiment le meilleur moyen ? Ça continue comme ça sur presque tout le disque, cette voix trafiquée, cette production, euh... moderne. “How The Best Was Won”, par exemple, en est fatigant. En même temps, le gars est hyper doué, donc on est toujours à mi-chemin entre admiration et consternat­ion. Mais ça, c’est parce qu’on aime trop les High Llamas première période. Laissons donc la place aux futurs nouveaux convertis, en espérant qu’il y en aura plein. Nous, on retourne écouter “Gideon Gaye”, ce chef-d’oeuvre à l’ancienne d’un monde disparu.

★★★

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