Rock & Folk

The Jesus And Mary Chain

- ALEXANDRE BRETON

“Glasgow Eyes” FUZZ CLUB RECORDS/ WAGRAM

Nous avions retrouvé les frères Reid en 2017 avec un “Damage And Joy” qui marquait la fin de cette ère glaciaire consécutiv­e à leur séparation brutale de 1998, en plein concert à Los Angeles. “Munki”, grandiose épilogue conçu mâchoires serrées achevait une discograph­ie en six chapitres sur un oraculaire “I Hate Rock’n’Roll” (à 2’37, montez le volume, constatez). Ces retrouvail­les, aussi inespérées que le retour de l’imam Mahdi, pour LE fleuron de la scène noise-pop sous speed et larsen de la fin du siècle XX, faisait passer la pilule d’un album très inégal, voire poussif. Nous aimions dès lors un fétiche, mais nous pardonnion­s : mort, le roi n’en perd pas pour autant sa couronne. Confirmati­on avec ce huitième album, et là, soyons clairs : c’est absolument étourdissa­nt. Les deux frangins électrifié­s d’East Kilbride sont clairement de retour aux consoles démoniaque­s du grand rock’n’roll. Dès l’ouverture (“Venal Joy”), tout ce qu’on a adoré chez eux est là : rythme mötörik déflagrato­ire, voix blanche de Jim, guitare saignée de William, débauche d’effets, de vitalité, de morgue, et ce cool abrasé qui fit leur attitude (“I’m on fire/ I won’t give up and die”). Au final, douze salves sans temps mort, aucun répit, douze stations d’apnée sous saturation granuleuse et climax épileptiqu­es (“American Born”, “Jamcod “Pure Poor” – tout !). Au milieu de cette violente orgie, un chef-d’oeuvre : “Chemical Animal”, réminiscen­ce en apesanteur de leur diamant noir de 1987, “Darklands”. Comme Proust le fait dire à Odette :

“Qu’avez-vous besoin du reste ? […] C’est ça, notre morceau…” ★★★★

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