The Bevis Frond

“Focus On Nature” FIRE RECORDS

The Bevis Frond est un groupe passionnant. Et ça fait un bout de temps que ça dure. Il serait temps que ça se sache. Depuis une quarantaine d’années, la formation de Nick Saloman — chanteur, compositeur, guitariste, grand manitou — ne cesse de produire des oeuvres littéralement inouïes, comme “New River Head” (1991) et son “Stain On The Sun”, morceau de bravoure à la “Cortez The Killer”. Il se dégage en effet de tous ses albums une mélancolie électrique et mélodique à la Neil Young, un peu comme du Dinosaur Jr réussi (ou mieux, du Meat Puppets), chanté avec une voix incroyable et des éclairs de guitare éblouissants. On pourrait aussi citer Traffic, Pink Floyd, Hendrix, etc. Mais c’est presque miraculeux, la magie est là sans que ça ne sente jamais la pâle copie. Les mecs font ça naturellement, comme ils respirent. Et surtout, c’est frais, contrairement à 99% du rock actuel, sursaturé de références, de clins d’oeil, de savoir.

Là il y a... Une innocence ! Un truc qu’on ne connaissait plus depuis... Très longtemps. Depuis longtemps aussi, The Bevis Frond est un groupe pour connaisseurs, comme on disait autrefois “a musician’s musician”. Les Lemonheads ont repris “Old

Man Blank” sur leur “Varshons 2” au milieu de nombreuses autres pépites, et il ne dépare pas. Teenage Fanclub en a fait autant avec “He’d

Be A Diamond”. Le groupe a été cité par Elliott Smith, Pavement... Excusez du peu. Le précédent album, “Little Eden”, en 2021, a été disque du mois ici même. Un double, vingt titres. Cette fois-ci, il y en a 19, pour plus de 70 minutes. Et c’est excellent de bout en bout. A quoi ça ressemble ? A rien. Bon, allez, le riff de “Wrong Way Round”, un hit absolu, rappelle vaguement le “Heroes” de David Bowie-Robert Fripp. Mais on s’en fout. Grand disque ! ★★★★