Malted Milk
“1975” BLUES PRODUCTION/ MODULOR
Vers une soul moderne, baroque et progressive. Malted Milk fut d’abord un groupe de blues tirant son nom d’une chanson de Robert Johnson, jusqu’à ce que les cuivres chassent l’harmonica. L’album de 2009, “Sweet Soul Blues”, proclamait définitivement leur amour de Memphis, du label Hi Records, et faisait école, les Nantais convertissant pas mal de leurs pairs bluesmen à la soul. Ce huitième album, “1975”, a été conçu dans la torpeur du confinement. Il respire à la fois l’introspection propre à cet épisode et leur envie de sortir faire la fête. Le repli et la délivrance. Autre paradoxe : pour parvenir à ce contraste de styles, soul et funk soulevés par de grosses bouffées de rock et quelques mignardises pop, Arnaud Fradin, ses hommes et ses choristes ont simplifié les lignes, allégé la matière et chargé des mixeurs à l’écoute d’une soul moins puriste, celle des Black Pumas par exemple, de mettre en relief certains mouvements. C’est cette simplification regonflée qui enfante l’hybride envoûtant que voici, digne de Dr John. L’album ne s’éternise pas, les titres sont plus courts, Malted Milk s’adresse au public, plus jeune, que draine cette nouvelle vague soul bouillonnant des deux côtés de l’Atlantique. Moins de chorus, c’est vrai, mais quand Fradin prend un solo, il ne masque pas sa joie (mention spéciale pour celui de “Set Me Free”). Encore un paradoxe : “1975”, disque de soul contemporaine, tourne sur une double nostalgie : celle de la soul des années soixante-dix dont le groupe est mordu mais dont il cherche à démordre, et celle d’une
“enfance préservée” : Arnaud Fradin est né cette année-là. Et si c’était leur “Another Side Of Bob Dylan” ? ★★★★