The Lemon Twigs
“A Dream Is All We Know”
Moins d’un an après le stupéfiant “Everything Harmony” où ils apprenaient littéralement (et c’est essentiel) à chanter à deux, les petits génies américains sont déjà de retour, un Macca dans chacun de leurs vingt doigts. Pas de surprise formelle pour ce cinquième album mais une exploitation toujours rigoureuse de canevas souvent reconnaissables, sinon déjà travaillés à l’infini : ici les Beatles ’65, là les Beach Boys, pour un hommage en compagnie du rejeton Ono Lennon, Squeeze, T-Rex, Zombies et leurs vassaux. Soit tout le monde, et donc personne en particulier. La vingtaine maintenant bien entamée, les D’Addario tendent presque à l’ascèse et épatent désormais sans forcer. Titres à tiroirs et morceaux de bravoure semblent ainsi avoir disparu pour de bon au profit d’innombrables moments de grâce : la voix du cadet qui s’éraille, poignante, à la fin de “My Golden Years” ; le mur du son byrdsien de “If You And I Are Not Wise” ; “I Should Have Known Right From The Start” et sa somptueuse coda ; le synthétiseur fantôme qui s’efface après l’intro du morceau “presque-titre” ; le texte dépressif de “How Can I Love Her More?” ; le couplet harmonisé de “Peppermint Roses”, les guitares distordues de “Rock On”… Comme d’habitude, le jeu est au poil et l’autoproduction, peu avare en microdynamique, d’un grand classicisme. Chez les Twigs, les intros introduisent, les refrains explosent, les ponts lient, rien n’est trop compressé et l’on mixe et ménage les effets au quart de décibel près. Surtout, à force de dévouement quasi sacerdotal, on prouve l’étendue de sa palette et, mieux encore, sa sincérité. ★★★★
JOHAN DALLA BARBA