Jane Weaver

“Love In Constant Spectacle”

Jane Weaver a déjà publié une dizaine d’albums, sans qu’on ait été jusque-là particulièrement impressionné. Il va falloir réviser ce jugement — et tout réécouter — parce que celui-ci est formidable, une pure merveille dès le premier titre, “Perfect Storm” : rythmique souple et obsédante, ambiance électronique superbe, synthés intelligemment employés, mélodie touchante et cette voix, superbe de sobriété, ensorcelante... Le suivant, “Emotional Components”, est encore meilleur, carrément accrocheur. Quant au troisième, qui donne son nom à l’album, il est tout simplement excellent. Suit une chanson totalement différente, “Motif”, avec une seule guitare acoustique et cette voix sublime, preuve que la dame peut tout faire. On n’en croit pas nos oreilles de faire une telle découverte. Comment a-t-on pu passer à côté de Jane Weaver tout ce temps ? En feuilletant le dossier de presse (ce qu’il ne faut jamais faire avant d’écouter un disque), on s’aperçoit que l’album est produit par John Parish... Tiens, tiens. Ce gars est un génie mais il produit tellement d’artistes que si on l’avait su avant, on aurait presque eu un a priori négatif, par pur snobisme. Alors que là, on se dit que oui, c’est vraiment un bon, pas étonnant. Le reste est tout aussi délicieux, avec des sommets comme “The Axis And The Seed”, “Romantic Worlds” ou “Univers”, magnifiques. On entend dans tout ça comme un écho des seventies allemandes à la fois robotiques et mélodiques. On n’est donc pas étonné d’apprendre qu’en 2017, Jane a interprété un titre avec Malcolm Mooney, mythique chanteur de Can. En écoutant ce disque parfait, on a l’impression de glisser de nuit sur une autoroute vide et silencieuse, hypnotisé par les lignes blanches qui défilent. Wir fahren, fahren, fahren auf der Autobahn... ★★★★