Kid Congo & The Pink Monkey Birds

“That Delicious Vice”

En 2021, époque où Punk était devenu le nom d’une bière vendue en grande surface, Kid Congo sortait un EP impeccable, “Swing From The Sean DeLear”, quatre titres de freakbeat et de psychédélisme des barrios, un mini-album déjanté dont le plat de résistance était un gros morceau de quatorze minutes avec slide hantée, talk over, solo de flûte et une fin en pachucho rock qu’aurait adoré Willie DeVille. C’était le Kid dans sa voie, celle qui n’appartient à personne d’autre, laissant remonter toute l’influence de l’Amérique latine qui irradie sur cet extrême sud des EtatsUnis où Congo est basé. Désormais à Tucson, dans le désert d’Arizona, accompagné parfois de chats qu’il balade en laisse, Congo Powers sort chez In The Red un nouvel LP, “That Delicious Vice”. Autant le dire, ce n’est pas le grand album de rock latin que laissait espérer l’EP préliminaire. Bien plus rock, dans son sens aride, le Kid y paye ses tributs, ici au Gun Club et son open-tuning mineur (“Silver For My Sister”), là au gospel yé-yé des Make Up auquel appartenait Mark Cisneros, nouveau membre des Pink Monkey Birds (“Wicked World”) et il faut attendre la face B pour voir poindre les influences du sud du Rio Grande : rythmique boogaloo de “Ese Vicio Delicioso”, la bluette à conga “The Smoke Is The Ghost”, le doux ternaire “Never Said” où le baryton du Kid le fait si bien chanter. La fin, dix-sept minutes de musique, un peu Badalamenti sur les bords, jamais au milieu malheureusement, ne décollent pas. Voici : ce délicieux vice n’était pas assez vicieux, et manquait surtout de jus. Comme un fruit trop pressé. ★★★

THOMAS E. FLORIN