The Wendy Darlings
“Lipstick Fire”
Un, deux, trois ! Comme le nombre d’albums que compte désormais
The Wendy Darlings avec la sortie de “Lipstick Fire”, pile poil dix ans après le premier chapitre d’aventures soniques qui ont placé la formation de ClermontFerrand sur la carte de l’Internationale Pop — option groupe capital. “One, two, three!”, comme ce que pourraient scander l’espiègle Suzy B — guitariste et chanteuse (à moins que ce ne soit l’inverse) — ou le géant Sylvain C — bassiste, choeurs et sauts en hauteur (dans cet ordre) — en intro de ces treize chansons qui font rimer urgence et insouciance. Des chansons qui donnent une idée assez exacte du rejeton qui aurait pu naître si l’espace-temps avait laissé batifoler The Ramones avec les Shangri-Las, ou les Mary Chain avec The Ronettes. Alors, dans une formule qui jamais ne déçoit — l’équilibre précaire du trio mixte ne laisse aucune place aux fioritures —, le groupe jongle avec le bruit de guitares qui se distordent, de basses qui vrombissent et d’une batterie qui revigore tout en inventant des mélodies qui collent aux tympans. A chaque intro, c’est une euphorie tout adolescente, à chaque refrain ce sont les 400 coups d’une bande à part qui s’amuse d’un rien, entre deux clins d’oeil et autant de rires goguenards. Seule (et première) tentative dans la langue de Molière, “Ridicule” porte bien mal son titre, joué “A Bride Abattue” avec une fougue juvénile annonciatrice de futures Calamités, au contraire de “Tachycardia”, un mal dont souffre vraiment le batteur Baptiste F, qui parvient pourtant très bien à être Bobby Gillespie à la place de Moe Tucker. Un peu comme la BO indie pop d’un “Grease” version nouvelle vague, “Lipstick Fire” est déjà promis à la jeunesse éternelle, un bain de jouvence qui, le rose aux joues et le rouge aux lèvres, conjugue sans nostalgie le passé au présent.
★★★
CHRISTOPHE BASTERRA