Rock & Folk

Chester Remington

- JONATHAN WITT

“Almost Dead”

Peu nombreux sont les attelages rock’n’roll provenant de la cité des sacres qui sont parvenus à percer. On se souvient des stoogiens Soggy, vers la fin des seventies, et des orfèvres pop de The Bewitched Hands, plus près de nous. Chester Remington, nouveau venu dans cette maigre lignée, a été fondé par Odilon Harman en 2019. L’homme avait bourlingué comme accompagna­teur pendant une dizaine d’années puis s’est mis à son compte, tentant de fusionner sixties et nineties en solitaire — quatre gandins le rejoignant bien vite pour la scène. Repéré par les défricheur­s du Cèpe Records à la suite d’un premier EP lo-fi (“Nobody Cares About My 4 Tracks Record”), il y a ensuite publié l’EP “Doldrums”, dont la pochette représenta­it une tête de mouette émergeant d’un ciré : un visuel frappant qu’on retrouve sur celle d’ “Almost Dead”, son tout premier long format (cette fois chez Howlin’ Banana et A Tant Rêver Du Roi). Notre multiinstr­umentiste y explore de nombreux styles avec une inspiratio­n constante. L’ouverture “Love” évoque les Pixies cosmiques de “Trompe Le Monde”. “Shake It” tente une incursion dans un registre post-punk guilleret, puis “Fire In Higher Ground” est une entêtante rengaine qui lorgne du côté des Kinks : le tube du disque, à n’en pas douter. La ballade “Black Hole Fireworks” navigue avec bonheur entre les Beatles d’ “Abbey Road” et les Beach Boys. Enfin, “Call 911” rappelle Nirvana avant l’angoissant morceau-titre, cavalcade kraut-punk hantée par King Gizzard And The Wizard Lizard. Un ensemble très convaincan­t et prometteur, donc, pour ce digne représenta­nt de la ville de Reims qui se place sans tarder dans le haut du panier du fourmillan­t vivier tricolore actuel. ★★★1/2

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