Chester Remington
“Almost Dead”
Peu nombreux sont les attelages rock’n’roll provenant de la cité des sacres qui sont parvenus à percer. On se souvient des stoogiens Soggy, vers la fin des seventies, et des orfèvres pop de The Bewitched Hands, plus près de nous. Chester Remington, nouveau venu dans cette maigre lignée, a été fondé par Odilon Harman en 2019. L’homme avait bourlingué comme accompagnateur pendant une dizaine d’années puis s’est mis à son compte, tentant de fusionner sixties et nineties en solitaire — quatre gandins le rejoignant bien vite pour la scène. Repéré par les défricheurs du Cèpe Records à la suite d’un premier EP lo-fi (“Nobody Cares About My 4 Tracks Record”), il y a ensuite publié l’EP “Doldrums”, dont la pochette représentait une tête de mouette émergeant d’un ciré : un visuel frappant qu’on retrouve sur celle d’ “Almost Dead”, son tout premier long format (cette fois chez Howlin’ Banana et A Tant Rêver Du Roi). Notre multiinstrumentiste y explore de nombreux styles avec une inspiration constante. L’ouverture “Love” évoque les Pixies cosmiques de “Trompe Le Monde”. “Shake It” tente une incursion dans un registre post-punk guilleret, puis “Fire In Higher Ground” est une entêtante rengaine qui lorgne du côté des Kinks : le tube du disque, à n’en pas douter. La ballade “Black Hole Fireworks” navigue avec bonheur entre les Beatles d’ “Abbey Road” et les Beach Boys. Enfin, “Call 911” rappelle Nirvana avant l’angoissant morceau-titre, cavalcade kraut-punk hantée par King Gizzard And The Wizard Lizard. Un ensemble très convaincant et prometteur, donc, pour ce digne représentant de la ville de Reims qui se place sans tarder dans le haut du panier du fourmillant vivier tricolore actuel. ★★★1/2