Les Soucoupes Violentes
“J’Irai Ailleurs” NINETEN SOMETHING/ L’AUTRE DISTRIBUTION
Et les Soucoupes sortirent un disque de pop-rock parfait, trente-cinq ans après leur premier 45-tours. Pop, parce qu’on écoute un album de chansons à mélodies, la mélodie avant tout “quelle que soit la dose de fuzz ou de disto”, précise Stéphane Guichard, chanteur, guitariste et compositeur de ce bijou. Et rock, parce que le garage, et toutes ces influences qu’ils revendiquent en plus des Byrds et des Beatles : Stooges, Velvet, Nirvana, toutes ces simplicités miraculeuses à quatre accords qui se complexifient en se développant et prennent une ampleur tragique. Les aiguilles sont pile-poil à l’équilibre de la pop et du rock, dans une unité de son remarquable, ni trop produit ni trop spontané. Tout est en place, rien n’est superflu et personne n’en fait trop. Guichard, Elsa Sadet (claviers), Franck Darmon (basse), Manuel Bujan (batterie) savent exactement où ils vont, comptent leurs effets, ne retiennent que le minimum efficace et lèvent pourtant des atmosphères d’une densité et d’une richesse étonnantes. Après une longue éclipse de quinze ans, les Soucoupes sont en pleine résurrection. “J’Irai Ailleurs” est leur neuvième disque en comptant les maxis et l’album de reprises réarrangées, et ce disque n’est pas venu sans galères. Ils l’ont démarré au sortir du Covid, l’ont enregistré entre 2022 et fin 2023, et le lancent fin avril... mais ça valait vraiment le coup d’attendre. Et puis le chronomètre ne les intimide plus. Entre les anciens et les nouveaux, le groupe s’est fabriqué un fameux blason, et remonte pourtant le temps avec la fraîcheur d’une vérité tout juste sortie du puits.
★★★
CHRISTIAN CASONI