Rock & Folk

Au Royaume-Uni, on n’a rien vu de tel depuis

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(voire parfois l’adoption d’un son hyper clair comme pour les Cure de “Seventeen Seconds”, dû à l’ampli Roland Jazz Chorus de Robert Smith), basse proéminent­e souvent jouée au médiator, disparitio­n de la filiation rock’n’roll encore présente chez Steve et Mick Jones, influences reggae et funk (à tendance très raide), quelques dissonance­s, et des voix très blanches pour ne pas dire blafardes. La scène post-punk n’était pas franchemen­t gaie. On pourra dire que le punk ne l’était pas non plus, mais là, on avance dans la zone grise. Evidemment, tout n’est pas bon : Toyah, les Virgin Prunes, les Raincoats, les Slits, Lene Lovich, Theatre Of Hate, Dead Or Alive, Bow Wow Wow, et d’autres totalement inconnus qui méritent de le rester, il y a beaucoup de choses anecdotiqu­es, voire franchemen­t médiocres, mais les compilateu­rs ont décidé de couvrir tout le spectre. Ils ont même décidé d’inclure des musiciens qui ne sont habituelle­ment pas associés au post-punk, lorsque certains morceaux atypiques de leur part s’y prêtaient. C’est le cas de “Scrape Away” des Jam, de “S.U.S.” des Ruts, de “Paris Maquis” de Métal Urbain (premier single sorti sur Rough Trade, tout de même) de “Born Again Cretin” de Robert Wyatt ou du splendide “You’re Welcome” des Undertones, et en fin de compte, ce n’est pas une mauvaise idée. Certains de ces groupes — les moins connus — ont fait quelques singles puis ont disparu, beaucoup d’autres ont fait des albums devenus des classiques. Joy Division, Cure, Banshees, Magazine, XTC, Human League, les deux premiers PiL, etc. Ce qui prouve le niveau exceptionn­el de la musique anglaise à l’époque, si riche, si variée, si fertile. Tout cela durera, en gros, jusqu’à 1983 ou 1984, après quoi, MTV ruinera la créativité et favorisera l’image. A vrai dire, au Royaume-Uni, on n’a rien vu de tel depuis. Certains citeront la britpop, mais la britpop était essentiell­ement rétro alors que le post-punk était dans une démarche d’invention permanente. On envie les journalist­es de rock en exercice à l’époque... Enfin, ouvrir ce coffret avec le formidable “Wading Through A Ventilator” des Soft Boys de Robyn Hitchcock (1977 !) est une idée de génie. NICOLAS UNGEMUTH

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