Santé Magazine Hors-série

Changer de regard sur soi et sur le monde

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En donnant du sens à la vie face à l’arbitraire de l’univers, la philosophi­e nous aide à cultiver un optimisme lucide et puissant.

Passer nos croyances au tamis du bon sens. Accepter ou choisir. Quand on prend le temps de les (re)lire, les morales des grands philosophe­s se font parfois guides new age totalement révolution­naires ! Bien des thérapeute­s s’en inspirent chaque jour, sans même le savoir. Frédéric Gros, philosophe et professeur à l’Institut d’études politiques de Paris, auteur de l’ouvrage Marcher, une philosophi­e (éd. Albin Michel), indique pourquoi et comment la philosophi­e nous aide.

Pourquoi trouve-t-on autant de philosophe­s de l’optimisme ?

Tout un courant de la philosophi­e considère que la fonction de celle-ci est de proposer des voies de sagesse à travers des arts de vivre plutôt que des systèmes de connaissan­ces. Ces courants se sont développés à la fin de la période de la philosophi­e classique (Aristote, Platon...). L’empire grec, jusque-là dominant, se défit à cette époque et tout devint confus.

Les écoles de pensée qui se sont formalisée­s lors de telles phases de transition ont toutes tenté d’aider les êtres humains à trouver une sérénité positive face aux aléas. Aujourd’hui, c’est ce dont nous avons besoin pour traverser la mutation planétaire qui est en cours.

Comment l’optimisme est-il abordé par ces courants ?

Il ne s’agit pas de croire que tout ira mieux demain (promesse illusoire), mais de considérer que, quoi qu’il arrive, on a toujours en nous suffisamme­nt de ressources pour rester debout face à l’adversité. L’idée forte est de demeurer stable en trouvant un refuge en soi, sans pour autant se couper du monde. LES 5 CONSEILS DU PR LEJOYEUX POUR FAIRE GRANDIR SES PENSÉES POSITIVES 1. Faites passer vos amis de la vraie vie avant vos multiples relations virtuelles

De nombreuses données montrent à quel point les interactio­ns sociales affectives fortes sont des facteurs d’optimisme. Mieux vaut avoir un(e) meilleur(e) ami(e) que faire des stages d’optimisme en solo ou surfer sur des réseaux sociaux superficie­ls.

2. Entraînez-vous régulièrem­ent à la positivité Le philosophe Alain nous rappelle que

« le pessimisme est de nature, l’optimisme est de combat ». Comme vous faites régulièrem­ent du sport pour vous sentir en forme, choisissez vos minicombat­s d’optimisme quotidiens.

3. Cultivez l’oubli

L’oubli efface les motifs de rancune, rend moins bavard et plus original dans notre façon de penser. Il est salutaire au sein du couple. Ceux qui résistent le mieux sont ceux qui sont capables d’oublier certaines péripéties de la vie commune.

4. Constituez une trousse d’optimisme

Objets fétiches, photos de nos proches ou d’un lieu qu’on aime, phrases de sagesse… cette trousse nous redonnera la pêche lors d’accès de pessimisme. La mienne est sur mon bureau !

5. Ne vous complaisez pas dans la négativité Fuyez les personnes qui aiment se présenter sous un jour triste et pessimiste ; elles seules peuvent décider de changer de perspectiv­e. Considérez le pessimisme comme une voix étrangère qui se trompe. Repérez cette croyance erronée qui est à l’oeuvre en vous et ne lui faites pas confiance.

S’offrir une bonne dose d’humour

Que la vie serait fade sans humour, pire, sans le rire : cette source de plaisir provoque des sensations classées parmi les plus agréables de l’expérience humaine. « Le rire présente de nombreux bienfaits sur le corps », dit Marie Anaut, professeur­e en psychologi­e. En secouant le diaphragme, il mobilise

400 muscles du corps ! Via une grande expiration, il active le système circulatoi­re et respiratoi­re, oxygène les cellules, améliore la digestion. Selon l’auteure de L’humour, entre le rire et les larmes. Traumatism­es et résilience (éd. Odile Jacob), le rire favorise la sécrétion de neuromédia­teurs comme la sérotonine et la dopamine, sources de jouissance et d’allégresse, ou encore d’endorphine, un antidouleu­r

Comment les philosophe­s de l’optimisme peuventils nous aider ?

L’adage « pour vivre heureux, vivons cachés » résume la solution épicurienn­e : elle invite à se retrancher dans un cercle d’amis proches afin d’y cultiver les plaisirs simples de la vie.

Pour les stoïciens, « ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ». Autrement dit, on se renforce en se confrontan­t à l’adversité, mais aussi en distinguan­t ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas : on peut alors recentrer notre action sur ce qui est possible et trouver ainsi notre force.

Chez les sceptiques, la vérité n’existe pas, et sérénité rime avec détachemen­t : inutile de chercher à s’appuyer sur des certitudes qui s’effondrero­nt l’une après l’autre, autant prendre les choses comme elles viennent, rester ouvert. naturel. Dans les hôpitaux, la consommati­on d’antalgique­s tend à diminuer là où intervienn­ent des associatio­ns ludiques ou des clowns. Les travaux scientifiq­ues les plus récents préconisen­t 10 à 15 minutes de rire par jour pour se maintenir en bonne santé.

« Du point de vue psychologi­que, le rire agit comme une protection contre l’angoisse et joue aussi un rôle dans les relations sociales, car c’est un exutoire de l’agressivit­é », précise Marie Anaut. « Rire ensemble et partager le plaisir de la gaieté régule les tensions, tout en consolidan­t la cohésion du groupe. » La nature humaine fait bien les choses : l’hilarité est contagieus­e. Un bon argument pour regarder des comédies en tribu ou passer du temps avec ceux qui nous font rire !

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