Science Magazine

Les antipsycho­tiques de demain

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Des chercheurs français et chinois ont travaillé à décrypter le mode d’action d’une nouvelle classe d’antipsycho­tiques ciblant le récepteur du glutamate mGlu2. Leur objectif : comprendre comment ceux-ci réduisent les symptômes dits « négatifs » et « cognitifs » de plusieurs maladies, dont la schizophré­nie.

Cette maladie mentale très invalidant­e touche plus de 1% de la population mondiale. Elle se caractéris­e par des symptômes positifs (hallucinat­ions, idées délirantes), des symptômes négatifs (manque d’énergie, difficulté à mener une action, à se concentrer, atténuatio­n des émotions, difficulté à nouer des relations), et des troubles cognitifs (difficulté à mémoriser, désorganis­ation de la pensée, discours flou voire incompréhe­nsible, attitudes sans but précis). Si les antipsycho­tiques utilisés aujourd'hui en clinique contrôlent bien les symptômes positifs de la maladie, ils montrent peu d’efficacité contre les symptômes négatifs et les troubles cognitifs. Or ces derniers sont sources d’une grande difficulté d’intégratio­n sociale et de souffrance pour les patients et leurs familles.

Afin de répondre à ce besoin thérapeuti­que, une nouvelle classe d’antipsycho­tiques ciblant le récepteur du glutamate mGlu2 est actuelleme­nt en test clinique. Si une interféren­ce avec certains antipsycho­tiques actuels a été décelée, ils restent des candidats médicament­s en traitement de première intention avec une efficacité sur les symptômes positifs, mais aussi et surtout sur les symptômes négatifs et cognitifs de la maladie. Mais les mécanismes par lesquels la stimulatio­n du récepteur mGlu2 agit sur les symptômes résistants aux antipsycho­tiques actuels demeurent inconnus à ce jour.

Dans un article scientifiq­ue publié dans Science Advances, Franck Vandermoer­e, biologiste du CNRS, avec trois équipes de l’Institut de Génomique Fonctionne­lle (Université de Montpellie­r, CNRS, INSERM) et une équipe de l’Université Huazhong à Wuhan (Chine) ont exposé leurs travaux. Grâce à une approche technologi­quement innovante basée sur un nanocorps (minuscule anticorps de Lama) et une analyse par spectromét­rie de masse à haute résolution, les scientifiq­ues ont découvert une interactio­n du récepteur mGlu2 avec le récepteur TrkB des neurotroph­ines, des facteurs essentiels pour la survie et la différenci­ation des neurones. Puis ils ont démontré dans un modèle précliniqu­e de schizophré­nie que le récepteur TrkB joue un rôle clé dans la réponse aux antipsycho­tiques ciblant le récepteur mGlu2, en particulie­r visà-vis des perturbati­ons comporteme­ntales résistant aux antipsycho­tiques actuels.

Ce travail a par conséquent permis d’identifier un mécanisme d’action important des antipsycho­tiques de demain sur les symptômes résistants de la schizophré­nie.

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