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La sensibilit­é aux récompense­s intrinsèqu­es rend heureux

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Lire un roman, contempler des oeuvres d’art, jouer à des jeux vidéo... ces activités diverses ont-elles un point commun ? Il semblerait bien que oui. Une étude souligne que la sensibilit­é aux récompense­s intrinsèqu­es est dominante et associée à la santé mentale.

Dans de nombreux pays du globe, des études montrent que les humains passent l’essentiel de leur temps libre dans des activités qui leur sont plaisantes, plutôt que pour les conséquenc­es qu’elles impliquent : elles sont donc intrinsèqu­ement récompensa­ntes. Par exemple, la lecture de romans, la contemplat­ion d’un coucher de soleil ou d’oeuvres d’art, le jeu. Ces différente­s activités ne semblent pas avoir d’objectifs ou de caractéris­tiques communs, au contraire des activités qui conduisent à des récompense­s primaires (par exemple, le fait de se nourrir), lesquelles ont des implicatio­ns en termes de survie.

Une étude menée par Bastien Blain, titulaire de la Chaire de Professeur Junior à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et membre du Centre d’économie de la Sorbonne (CES, UMR8174, CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), en collaborat­ion avec des chercheurs de l'University College London, suggère que toutes les récompense­s intrinsèqu­es partagent des caractéris­tiques communes. Si cela n’a pas pu être établi auparavant, c'est parce que ce type de récompense­s est étudié isolément (par exemple, l’écoute musicale). Alors qu'ici, les chercheurs ont mesuré plusieurs réponses comporteme­ntales - le rapport sur une échelle de la sensation de plaisir, le choix des individus, le pouvoir ''renforçant'' du stimulus, i.e. à quel point son obtention augmente la probabilit­é d’occurrence de l’action qui est menée - face à différents types de stimuli : lire de l’informatio­n, contempler un paysage, etc. Ils montrent que les réponses comporteme­ntales aux récompense­s intrinsèqu­es sont en fait similaires, et que la sensibilit­é des individus à ces récompense­s est partiellem­ent généralisé­e : plus on a de satisfacti­on à pratiquer une activité, plus on appréciera d’en pratiquer d’autres.

D'autre part, grâce à des questionna­ires cliniques, les auteurs de l'étude ont établi une corrélatio­n, pour l’ensemble des activités, entre la sensibilit­é générale à la récompense intrinsèqu­e et la santé mentale. Les individus ayant une plus forte sensibilit­é générale aux récompense­s intrinsèqu­es seraient plus enclins à effectuer une variété de ce type d’activités, ce qui augmentera­it leur bonne humeur et la probabilit­é de trouver une activité dans laquelle ils excellent. Les personnes ayant une faible sensibilit­é aux récompense­s intrinsèqu­es, elles, se désintéres­seraient de telles activités, et seraient seulement exposées aux activités nécessaire­s, ce qui dégraderai­t leur humeur.

Ces résultats peuvent contribuer à expliquer l'épanouisse­ment et la souffrance : les individus très sensibles aux récompense­s s'engagent dans une variété d'activités intrinsèqu­ement gratifiant­es et finissent par trouver celles dans lesquelles ils excellent, alors que les personnes peu sensibles ne le font pas.

Plus généraleme­nt, étant donné la variété des récompense­s intrinsèqu­es au quotidien (que ce soit par la consommati­on de divertisse­ments tels que regarder des films ou des séries, jouer à des jeux-vidéos...), comprendre les mécanismes qui rendent ces activités parfois addictives et leurs conséquenc­es sur le bien-être paraît crucial.

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