Pourquoi tant d'armes dans le fleuve ?
La quantité d'armes provenant du lit de la Seine interroge les archéologues. Une centaine figure dans les collections archéologiques du musée Carnavalet - Histoire de Paris. Epées, poignards, haches et fers de lance, intactes bien que très corrodées, datent pour la plupart de l’Âge du Bronze et du haut Moyen Âge. Certains de ces objets sont interprétés comme des dépôts intentionnels et rituels liés aux combats : après la bataille, l’armement du vainqueur ou du vaincu est confié en offrande à l’eau, surtout quand le fleuve s’inscrit dans une géographie religieuse des territoires. Par exemple, certains récits de la bataille de Roncevaux, en 778, rapportent que l’épée de Roland est noyée dans un ruisseau marécageux, coulée dans une rivière, ou jetée dans un lac par Charlemagne lui-même. L’épée sanctuarisée par l’eau ne sera alors plus utilisée.
L’âge du Bronze (−2200/−800), première période de la Protohistoire, est définie par des avancées technologiques comme la métallurgie et l’usage du bronze, alliage de cuivre et d’étain. Les armes sont principalement des haches et des épées. En effet, la hache est un outil mais aussi une arme de combat. La découverte du bronze, facilement malléable et résistant à l’usure, permet l’invention de l’épée. De nombreux spécimens ont été collectés dans la Seine, au niveau du pont Saint-Michel.
A l'époque mérovingienne, l’équipement du guerrier comprend des lances, des scramasaxes, des épées et des haches d’armes. Le scramasaxe est un coutelas à un seul tranchant : c'est l’arme la plus répandue au VIIe siècle en Europe occidentale. Les haches d’armes, bien que très lourdes, peuvent être projetées sur plus de 10 mètres. L’utilisation mais aussi la taille et la forme – en flamme, en losanges, ovales ou barbelées – des pointes de lance sont très variées.
Quant aux armes des XIXe et XXe siècles trouvées dans la Seine, ce sont des obus, pistolets, casques des Première et Seconde guerres mondiales. Elles y sont tombées lors d'un combat, ou ont été dissimulées. Pendant le conflit de la Commune ou la Seconde Guerre mondiale, beaucoup d’insurgés ou de résistants ont caché leurs armes et leurs équipements dans les puits ou les cours d’eau, peut-être avant d'être faits prisonniers. En 2022, 154 obus de 1939-1945 ont été récupérés au niveau du pont d’Austerlitz par la brigade fluviale et les démineurs du laboratoire central de la Préfecture de police.
Exposition « Dans la Seine : Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours » Crypte Archéologique de l'Ile de la Cité
Parvis Notre-Dame
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