L’Édito de Stéphane Bern
« La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la tribune », disait Olympe de Gouges, célèbre féministe qui avait dédié à la reine Marie-Antoinette sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Lorsque l’on étudie la Révolution française, ce sont avant tout les hommes qui l’ont faite, ces héros masculins qui ne tolèrent aucune concurrence. Si bien que les femmes sont reléguées au second plan et jouent les utilités alors qu’elles combattent pour les idées nouvelles et se trouvent en butte à la tyrannie des hommes. Théroigne de Méricourt, Olympe de Gouges, Madame Roland, Madame Tallien à qui son attitude héroïque aux heures sombres de la Terreur vaudra les surnoms de Notre-Dame de Thermidor et Notre-Dame de Bon Secours, sans oublier Charlotte Corday, la femme qui tua un homme (Marat) pour en sauver cent mille, toutes ces figures féminines de la Révolution retrouvent droit de cité grâce au magazine « Secrets d’Histoire », elles qui ont souvent été escamotées par les manuels scolaires. À l’occasion de la célébration cette année des 90 ans de la reine Élisabeth II, entrée vivante dans l’Histoire grâce à son record de longévité sur le trône, il convient de revenir aux circonstances de son avènement qui aurait été impossible si son oncle paternel, David, devenu le roi Édouard VIII, n’avait abdiqué en décembre 1936 pour épouser « la femme qu’il aimait », une Américaine deux fois divorcée, Wallis Simpson. Simple histoire d’amour romantique ou coup monté politique contre un roi dont les convictions penchaient trop du côté du IIIe Reich d’Adolf Hitler ? Le scandale est immense et le traumatisme profond : un roi d’Angleterre ne saurait renoncer au trône par amour. Pourtant, cette fabuleuse romance qui continue de défrayer la chronique reste le symbole du romantisme absolu, d’autant que l’amour éternel qu’Édouard et Wallis se jurèrent fut gravé dans les pierres précieuses et se traduisit par un style de vie inimitable. Le duc et la duchesse de Windsor, privés de royaume, devinrent les rois de Paris et imposèrent leur style. Dans la tourmente de décembre 1936, le roi Édouard VIII put compter dans un premier temps sur le soutien amical de Winston Churchill, le Lion, l’un des hommes les plus emblématiques de l’Histoire du royaume du XXe siècle. « Secrets d’Histoire » revient longuement sur ce destin hors du commun, le parcours fascinant, d’une guerre à l’autre, de cet aristocrate au verbe haut qui maniait l’humour féroce, brilla en politique pendant soixante ans, dont la moitié en tant que ministre, et, surtout, conduisit son pays vers la Victoire de 1945 en promettant du sang et des larmes. Quel était l’homme derrière la légende ? Assurément un personnage aux multiples facettes, dont certaines étonnantes. Mais ce dixième numéro de « Secrets d’Histoire » vous offrira aussi un voyage d’exception dans la capitale historique des tsars de Russie, la ville de Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg, et une balade touristique et historique dans les châteaux du Périgord. Les énigmes sont aussi toujours au coeur du plaisir de lecture de ce magazine, tant le mystère des couleurs dans l’histoire, éclairé par Michel Pastoureau, que celui du voyage en Chine de Marco Polo, sur lequel courent tant de légendes. Nous vous invitons enfin à une plongée divertissante dans l’histoire de la tomate, à découvrir ce monument exceptionnel qu’est la Sagrada Família de Barcelone, les évolutions de la bicyclette ainsi que les origines d’une institution, ô combien populaire, les sapeurs-pompiers. La variété des sujets et la richesse des analyses devraient répondre à votre attente toujours plus grande et exigeante de voir ce magazine « Secrets d’Histoire » aborder de manière large, ludique et didactique toutes les questions historiques. Merci de votre confiance et de votre fidélité.