Dans les coulisses de la politique girondine
Alors que ceux réservés à l’aristocratie se vident, naît une nouvelle forme de salons. Plus politiques, ils sont des lieux d’échanges pour les révolutionnaires, hommes et femmes. Dans le leur, Manon Roland et son mari organisent les réseaux girondins.
En 1791, Manon Philippon, fille d’un couple de Parisiens érudits, et son mari, Jean-Marie Roland de La Platière, inspecteur des manufactures, s’installent à Paris. Déjà investie en politique quand ils habitaient Lyon – elle écrivait des chroniques pour le « Courrier de Lyon » –, elle décide d’ouvrir un salon, rue Saint-Honoré, où pourront se rassembler les têtes pensantes des Girondins. Pierre Cornut-Gentille, auteur de « Madame Roland, une femme de la Révolution » souligne : « Son originalité était, probablement, d’être le premier salon strictement politique. Les débats philosophiques et les mondanités n’y avaient pas leur place. » De nombreux députés du tiers état, dont Brissot, Pétion, Robespierre et Buzot s’y retrouvent régulièrement. Investie et influente, elle permet à son mari d’entrer au « ministère girondin », en tant que ministre de l’Intérieur.
Dans l’ombre des hommes
Si elle se tient au plus près des débats, elle reste discrète et prostrée dans son salon. C’est tout ce que, à ses yeux, peut espérer une femme : « Elle se sent en mesure de peser, à travers ses invités, sur la marche de la Révolution. Mais elle veut le faire avec la discrétion qui sied à une femme de son temps. Elle juge que toute autre attitude serait suicidaire ». Dans l’ombre des hommes, pourtant, son engagement est grand. « Elle fut, sous le second ministère comme sous le premier, la collaboratrice active de son mari ». Elle sera d’ailleurs poursuivie et menacée par les Montagnards, qui voient en elle une des têtes du parti des Girondins. Ceci jusqu’au 31 mai 1793, jour où la Gironde chute. Manon prie son mari de s’enfuir et se laisse arrêter à son domicile. Enfermée à la prison de la Conciergerie, « elle vit dans l’espoir que ses amis en fuite parviendraient à soulever les départements contre la Convention montagnarde. » Elle écrit ses mémoires avant d’être exécutée, trois mois plus tard. Ses écrits restent des témoignages précieux sur l’histoire de la Gironde.