« Churchill se savait né pour un destin »
François Kersaudy, journaliste et écrivain, auteur de « Winston Churchill, le pouvoir de l’imagination », éd. Tallandier.
Churchill déclarait à tout va qu’il serait un jour Premier ministre. D’où lui venait cette certitude ?
Sa principale motivation était que son père n’avait pas pu l’être. Il avait aussi la conviction que ses talents particuliers le rendaient plus apte à gérer le pays que ses contemporains, qu’il jugeait très inférieurs aux grands hommes du XIXe siècle, comme Disraeli, Gladstone ou Salisbury. Enfin, il y a quelque chose de plus mystérieux : Churchill, comme l’écrivait son amie de jeunesse Violet Asquith, avait « des antennes branchées sur l’avenir ». Il était un peu visionnaire.
Quelle a été sa stratégie pour parvenir à ses fins ?
Sa première idée a été de s’illustrer dans l’armée et d’être médaillé, avec la conviction que cela lui ouvrirait les portes de la chambre des Communes. En fait, c’est son nom – celui de l’illustre Marlborough – couplé à ses actions héroïques sur divers champs de bataille qui lui permettent d’être élu et d’entrer en politique par la grande porte.
Il est député conservateur, puis libéral… et conservateur à nouveau. Agit-il par opportunisme ?
Il vous répondra lui-même : « Certains changent de convictions pour l’amour de leur parti. Moi, je change de parti pour l’amour de mes convictions. » En fait, il a des principes bien ancrés : dire la vérité, préserver le royaume et l’Empire, assurer la prospérité au plus grand nombre afin de mieux jouir de la sienne, épargner à son pays le socialisme, le communisme et le nazisme, enfin, servir avec distinction le Parlement et le monarque, qui sont ses dieux.