Wallis et Édouard, un amour légendaire
Véritables Roméo et Juliette des temps modernes, Édouard d’Angleterre et Wallis Simpson durent se battre contre vents et marées pour pouvoir vivre leur amour au grand jour, créant au passage un véritable cataclysme au sein de l’Empire britannique.
Samedi 10 janvier 1931. Wallis ne le sait pas mais, alors qu’elle pénètre aux côtés de son mari chez Thelma Furness, soeur du premier secrétaire de l’ambassade des États-Unis, elle est sur le point de faire une rencontre qui va changer sa vie. Parmi les invités de ce weekend de chasse, il en est un qui se distingue par son rang et sa joie de vivre. Il s’agit de l’amant de lady Furness, Édouard, prince de Galles, futur roi du Royaume-Uni et des dominions et empereur des Indes. Wallis et l’héritier du trône échangent des propos mondains, à propos de l’architecture et de la météo. Si rien de particulièrement romanesque ne ressort de cette première entrevue, la suite des événements sera digne des plus grandes histoires d’amour.
Liaisons dangereuses
De sorties en soirées, Édouard apprécie de plus en plus la personnalité de Wallis. Il s’invite régulièrement chez le couple Simpson pour converser avec la jeune femme dont il apprécie l’originalité et l’aisance. Au point de souhaiter la voir seule. Rapidement, ils tombent amoureux. Elle apprécie son charme et ses bonnes manières. Il aime son énergie et sa gaieté. À ses côtés, le prince de Galles se sent libre, heureux, léger… et en devient dépendant. Même mariée, Wallis Simpson s’affiche ouvertement au bras d’Édouard, quitte à choquer la bonne société anglaise. En 1935, Wallis Simpson est invitée par le prince au palais de Buckingham pour les festivités du jubilé. Elle fait la connaissance du roi George V et de la reine Mary. Mais la relation de leur fils avec une Américaine divorcée les inquiète. Ils ne voudront plus la revoir. Le gouvernement et les membres de l’institution monarchique commencent également à voir d’un mauvais oeil l’influence de Wallis sur le futur monarque.
La maîtresse du roi
Le 17 janvier 1936, George V décède. Le prince a alors 41 ans et devient le roi Édouard VIII. Il ne s’écoulera même pas une année avant que le nouveau monarque n’abdique. Dès le lendemain, il brise le protocole royal en regardant la proclamation de son accession au trône depuis une fenêtre aux côtés Wallis. Il est clair qu’il ne peut plus se passer d’elle. En juillet, une tentative d’assassinat à son encontre échoue, mais marque profondément le souverain qui s’enfuit dès le mois suivant avec sa compagne, profitant ensemble d’une croisière dans l’est de la Méditerranée. Dans une de ses lettres, Édouard écrit qu’il souhaite que « WE puissent ne faire plus qu’un » (« WE » pour Wallis et Édouard). Le couple songe à se marier. Ernest et Wallis Simpson ont entamé une procédure de divorce. Le roi fait part de ses intentions au Premier ministre de l’époque, Stanley Baldwin.
Scandale médiatique et affaire d’État
Un projet auquel Baldwin s’oppose fermement. Le roi ne peut épouser Wallis Simpson. Pour la classe politique et religieuse du Royaume-Uni, ce mariage pose problème. L’Église anglicane, dont le roi est le chef suprême, voit d’un mauvais oeil le remariage des personnes divorcées, surtout si les ex-conjoints vivent encore ! Face à la pression médiatique et politique, Wallis tente de quitter Édouard. Si la jeune femme aime les fastes de la vie princière, elle n’a aucun désir d’être reine. Churchill leur soumet alors l’idée d’un mariage morganatique : Wallis aurait un titre de rang inférieur à celui de reine et aucun de leurs éventuels enfants ne pourrait revendiquer
le trône. Le gouvernement britannique et les dominions de l’empire rejettent cette idée. À court d’options, Édouard VIII prend la décision d’abdiquer, à quelques mois de son couronnement. L’annonce du mariage prochain de Wallis et Édouard fait la une de tous les journaux, est sur toutes les lèvres, alimente tous les ragots. Wallis est alors traquée par les médias. Des briques sont jetées au travers des vitres de sa maison. Elle fuit le pays, non sans avoir averti l’homme de son coeur qu’il prenait la mauvaise décision.
Une décision lourde de conséquences
« Après ma mort, ce garçon va se ruiner en un an », aurait prédit George V quelques semaines avant de décéder. Édouard VIII aura été roi 326 jours, l’un des règnes les plus courts de la monarchie britannique. Le 10 décembre, il signe son acte d’abdication, cédant le pouvoir à son frère Albert qui devient George VI. Le lendemain, il adresse son message d’adieu à la radio : « J’ai estimé impossible de porter le lourd fardeau de responsabilités et de remplir les devoirs qui m’incombent en tant que roi sans l’aide et le secours de la femme que j’aime. La décision que j’ai prise est mienne, et seulement mienne », affirme-t-il en direct. Wallis, de son côté, écoute le discours depuis la France, en pleurs. Elle comprend qu’elle vient de devenir la femme la plus haïe d’Angleterre, celle à cause de qui le roi a abandonné sa couronne, sa famille et son peuple.
Un mariage en toute simplicité
Pendant quelque temps, Wallis et Édouard sont séparés. Il attend en Autriche que le divorce des Simpson soit officiel. Le couple se voit ensuite offrir l’hospitalité au château de Candé, dans le Val de Loire, un domaine qui appartient à l’un de leurs amis, Charles Bedaux. Ils s’y marient le matin du 3 juin 1937. Dans sa longue robe en crêpe bleu pâle qui souligne son extrême minceur, Wallis prononce ses voeux de mariage, les derniers. Symbole de leur amour éternel, les jeunes mariés gravent leurs deux noms sur la boiserie de la bibliothèque du château. Mais Wallis n’a pas l’air heureuse. Le journaliste Randolph Churchill, fils de Winston Churchill, écrit qu’« elle ne se force pas à sourire ». Et pour cause, aucun membre de la famille royale n’assiste à cette cérémonie où seulement seize intimes sont présents. La veille, George VI a écrit à son frère pour lui annoncer que s’il leur décerne bien le titre de duc et duchesse de Windsor, Wallis ne peut en aucune façon être appelée « Altesse royale ». Un coup dur pour le couple qui se sent rejeté. Et la lune de miel sera de courte durée.
Dans leurs lettres, Wallis et Édouard se désignent par ces lettres : « WE ». Une référence aux initiales de leurs prénoms et au pronom anglais signifiant « nous ».