La face cachée du conte de fées
Les débuts épiques de cet amour incroyable vont laisser place à une longue traversée du désert, faite de tensions diplomatiques, de rumeurs et de solitude partagée.
Quelques mois après leur mariage, le duc et la duchesse de Windsor se rendent en Allemagne. Ils y rencontrent Hitler dans sa résidence de Berchtesgaden. Un voyage qui choque énormément l’opinion publique. On qualifie le couple de traître et on impute à Wallis cette proximité avec les Allemands. Elle aurait même eu des liaisons, pendant sa relation avec Édouard, avec des hauts dignitaires nazis comme Joachim von Ribbentrop, en 1936, quand celui-ci était ambassadeur en Grande-Bretagne. On se demande même si le motif de l’abdication du roi était bien l’amour et non un complot anglais visant à le destituer car il était trop proche des nazis. Après tout, l’ex-roi parle allemand, une partie de ses ancêtres sont Allemands et il considère que l’Allemagne est le seul rempart à un mal qu’il exècre : le communisme. Alors, couple pro-nazis ou cherchant juste la lumière des projecteurs ? Ce qui est sûr, c’est que cette visite alerte et inquiète dans les plus hautes sphères du Royaume-Uni.
Sous haute surveillance
Les Windsor sont installés en France, mais le début de la Seconde Guerre mondiale va les obliger à déménager plusieurs fois : sud de la France, Espagne, Portugal… Ils sont surveillés par les services secrets allemands, anglais et américains. Souhaitant éloigner son frère le plus possible des conflits, George VI le nomme au poste de gouverneur des Bahamas. Le couple y restera jusqu’à la fin de la guerre. Une période pendant laquelle Wallis va se révéler. Elle va créer deux hôpitaux pour jeunes enfants, des cantines pour officiers, des crèches, infrastructures dont le secteur avait grand besoin. Mais cette influence bénéfique de la
duchesse sera de courte durée. Après la fin du conflit, la vie des Windsor ne sera plus que superficialité. Le couple regagne la France en 1946. Il s’installe dans une villa située au bois de Boulogne. Wallis fait de cet hôtel particulier un véritable petit palais.
Sauver les apparences
Si leur exil est politique, Wallis et Édouard font tout pour qu’il ne soit pas social. Fêtes, dîners, week-ends, les Windsor sont de toutes les sorties et font partie des personnalités en vogue à Paris. Mais la frivolité ne saurait cacher la tristesse d’une vie sans but. Édouard ne travaille pas. Le couple vit principalement de la dotation du duc. Dans la journée, chacun vit de son côté. Les époux Windsor déploient de nombreux efforts pour être à la hauteur de la réputation de leur couple. Après tout, c’est la plus grande histoire d’amour de l’époque. Mais il y a entre eux un fort ressentiment. Wallis reproche à Édouard son abdication, la réputation qu’elle possède à cause de lui. Le duc regrette d’être exilé loin de sa propre famille. La duchesse écrit même à son ex-mari, Ernest Simpson, pour lui dire combien sa vie ne lui convient pas. Emprisonnés dans leur relation, les époux, qui n’auront jamais d’enfants, comblent le vide par des réceptions mondaines.
Le calvaire de la fin de sa vie
Le 28 mai 1972, le duc décède d’un cancer de la gorge. Il est enterré avec les honneurs dus à son rang, au château de Windsor, en Grande-Bretagne. Quatorze ans plus tard, la duchesse rejoindra son époux. Mais en attendant, Wallis se retrouve seule. Elle est désemparée. La vieillesse ne lui fait pas honneur. Sa santé, tant physique que mentale, se fragilise. Peu à peu, elle est retenue « prisonnière » par son personnel qui la maintient en vie pour ne pas voir disparaître la « poule aux oeufs d’or ». Des meubles et objets disparaissent d’ailleurs de la villa Windsor. La duchesse rend son dernier souffle le 24 avril 1986. Comme pour se racheter de ses années d’oisiveté et faute de descendance, elle fait don de la majeure partie de sa fortune à l’Institut Pasteur, à la condition que ce legs ne finance pas des recherches impliquant des animaux de laboratoire. Ainsi s’achève la vie de la femme la plus intrigante de son époque.