Secrets d'Histoire

Aux origines d'une institutio­n

Depuis 1996, quatre tours symbolisan­t des livres ouverts accueillen­t la Bibliothèq­ue nationale de France, sur la rive gauche de la Seine. Ses collection­s, chaque jour enrichies par le Dépôt légal, avaient fini par saturer les hôtels particulie­rs de la rue

- Par Dominique Le Brun

Bibliothèq­ue nationale de France La mémoire du savoir et de la culture

Quinze millions de livres, deux millions de partitions musicales, un million et demi d’enregistre­ments sonores, 390 000 collection­s de journaux, 900 000 cartes, plans et globes terrestres, 370 000 manuscrits, 650 000 monnaies et médailles, auxquels s’ajoutent 29 milliards de fichiers numériques ! Ce fonds incroyable est celui de la BnF, la Bibliothèq­ue nationale de France (fin 2016). Tout commence pourtant par une seule ordonnance : celle que signe François Ier, le 28 décembre 1537. Elle stipule qu’un exemplaire de tout livre imprimé en France doit être déposé à la Bibliothèq­ue du Roi, sise au château de Blois, « … pour avoir recours auxdits livres, si de fortune ils étaient cy après perdus de la mémoire des hommes. ». S’agit-il déjà de garantir la pérennité du savoir et de sanctuaris­er la création littéraire ? Plus tard, en tout cas, ce sera là la raison d‘être du Dépôt légal.

Le premier centre culturel d’Europe

L’ordonnance royale concerne « les livres dignes d’êtres vu(e)s » et qui auront été « corrigé(e)s et amendé(e)s de notre tems». Durant l’Ancien Régime, l’obligation de dépôt satisfait donc à la fois une volonté de censure et un désir de réunir un savoir encyclopéd­ique. C’est Colbert qui, en 1666, installe la Bibliothèq­ue royale, à Paris, entre les rues Richelieu et Vivienne. Elle devient le premier centre culturel d’Europe, acquérant les ouvrages savants publiés à l’étranger, et ouvrant ses collection­s au public. Si la Révolution abolit temporaire­ment l’obligation du Dépôt légal, au nom de la liberté d’expression, le fonds s’enrichit des bibliothèq­ues

confisquée­s (aux institutio­ns religieuse­s, aux nobles émigrés, aux aristocrat­es…). Ces apports mettent en évidence un problème qui devient récurrent : le manque d’espace de stockage. Une première modernisat­ion des lieux est menée par Prosper Mérimée, en 1858. Celle-ci aboutit à la création de la prestigieu­se salle de travail des Livres imprimés, dite « salle Labrouste », du nom de son architecte qui exploite à merveille le matériau de l’époque : la fonte.

Une délicate transition technologi­que

En 1874, est lancé un chantier colossal : la réalisatio­n d’un catalogue général, dont la section « Auteurs » n’est achevée qu’en… 1981! Justement, c’est sous la présidence de François Mitterrand que l’organisati­on de la Bibliothèq­ue nationale fait l’objet d’une refonte complète. À l’époque, trois problémati­ques se télescopen­t : le volume de livres à enregistre­r et stocker ; la conservati­on des ouvrages anciens ; et l’évolution technologi­que, qui amène à repenser le mode d’accès au savoir qui prend un virage virtuel. C’est donc dans une délicate transition technologi­que que la nouvelle BnF est conçue puis édifiée sur les bords de Seine, selon les plans de l’architecte Dominique Perrault. En 1998, est inauguré le site Tolbiac, comme on le désigne pour le différenci­er du site Richelieu. Les lieux séduisent par le plaisant contraste qu’offre la pinède intérieure sur laquelle donnent les salles de travail, et par l’incroyable technologi­e mise en oeuvre pour apporter dans les meilleurs délais les livres demandés par les chercheurs. Des livres stockés sur… 285 km de rayonnages !

Une première modernisat­ion du site Richelieu est menée sous la direction de Prosper Mérimée, en 1858.

Site Richelieu, 5, rue Vivienne, 75002 Paris. Site François-Mitterrand, quai François-Mauriac, 75013 Paris.

 ??  ?? Sur le site Richelieu de la BnF, la Salle ovale est la plus grande salle de lecture de France. Elle est l’oeuvre de l’architecte Jean-Louis Pascal. Le chantier, lancé en 1897, ne sera achevé qu’en 1932.
Sur le site Richelieu de la BnF, la Salle ovale est la plus grande salle de lecture de France. Elle est l’oeuvre de l’architecte Jean-Louis Pascal. Le chantier, lancé en 1897, ne sera achevé qu’en 1932.
 ?? Raphael Gailarde /Gamma-Rapho ?? Photo du haut : le site Richelieu et sa superbe et emblématiq­ue salle Labrouste, qui abrite aujourd’hui la bibliothèq­ue de l’Institut national d’Histoire de l’art.
Raphael Gailarde /Gamma-Rapho Photo du haut : le site Richelieu et sa superbe et emblématiq­ue salle Labrouste, qui abrite aujourd’hui la bibliothèq­ue de l’Institut national d’Histoire de l’art.
 ??  ?? La Bibliothèq­ue nationale de France FrançoisMi­tterrand a été conçue par l’architecte Dominique Perrault.
La Bibliothèq­ue nationale de France FrançoisMi­tterrand a été conçue par l’architecte Dominique Perrault.

Newspapers in French

Newspapers from France