L’édito de Stéphane Bern

Aujourd’hui, on les appelle « Spin Doctors » ou « Think Tanks ». C’est ainsi que l’on désigne les conseillers et confidents, stratèges et maîtres ès communications qui ont l’oreille des puissants et influencent les princes qui nous gouvernent. L’Histoire est riche de ces personnages de l’ombre, de ces éminences grises, de ces grands commis de l’État et autres ministres intègres qui ont oeuvré dans la coulisse pour éclairer de leur sagesse les rois et princes qu’ils servaient. « Quo non ascendet ? » (Jusqu’où ne montera-t-il pas ?) était la devise de Fouquet, dont le blason portait un écureuil… Il aurait dû savoir qu’un seul soleil pouvait éclairer l’univers et que son ambition, à la mesure de son ascension fulgurante, ne pouvait que jeter une ombre sur sa destinée. Pourtant, force est de reconnaître qu’auprès des grands rois, il y eut de grands hommes, soucieux de servir la France autant que leur maître. L’abbé Suger de Saint-Denis, d’abord, auprès de Louis VII le Pieux (ou le Jeune). Puis vient le temps des cardinaux : Richelieu, l’« Homme en rouge », et son « éminence grise », le père Joseph, avant Mazarin l’Italien, dernier principal ministre avant le règne personnel des rois Bourbon. Jusqu’au flamboyant « Diable boiteux », le redoutable Talleyrand qui, après avoir servi tous les régimes, aura ce mot terrible : « Je porte malheur à ceux qui me négligent. » Mais au-delà des conseillers de l’ombre, d’autres voix ont susurré des messages tout aussi politiques à l’oreille des grands, ont usé de méthodes plus intimes pour tenter d’influer le cours des choses… et parfois de l’Histoire. C’est le temps des favoris et des favorites, des maîtresses royales, des épouses envahissantes, des mages et autres astrologues, des intrigants qui usent de leur pouvoir pour diriger le cap et s’enrichir au passage. L’Histoire n’a pas été tendre pour ces conseillers occultes à la manoeuvre, accusés de tous les maux et voués aux gémonies, payant le prix fort de leur élévation soudaine, car ils sont alors des fusibles utiles pour une société qui n’ose encore accuser le souverain de ses erreurs politiques. Ce numéro de Secrets d’Histoire traverse le temps et l’Europe pour nous raconter l’ivresse du pouvoir qui saisit celles et ceux qui entendent exercer une influence sur le cours du monde en conseillant habilement les rois. Mais le mois de septembre est aussi celui des Journées européennes du patrimoine, un trésor non délocalisable dont les Français sont si fiers. Laissezvous séduire par le portfolio qui vous guidera à travers des châteaux de légende, partons en balade dans le Pays basque et découvrons ensemble une institution prestigieuse et pourtant méconnue, la Bibliothèque nationale de France, la « Vieille Dame » de la rue de Richelieu dont la salle de lecture a retrouvé la splendeur… Secrets d’Histoire, ce sont aussi des aventures romanesques, des histoires d’amour émouvantes, des figures héroïques. Ce numéro vous plonge dans le destin contrasté de la célèbre reine Margot, Marguerite de France, fille, soeur et épouse de rois, injustement jugée au tribunal de l’Histoire. Il vous raconte aussi un autre Winston Churchill, l’homme privé qui trouvait l’apaisement auprès de son épouse Clementine. À la mesure de l’Histoire, si riche, si variée, ce nouveau numéro de Secrets d’histoire vous fera voyager dans le temps et dans l’espace par la seule magie du récit. N’est-ce pas ce qui rend l’Histoire si attrayante ?