Énigmes de l'histoire La disparition de L'Oiseau blanc
L’après-midi du 9 mai 1927 à New York, une foule converge vers le port pour accueillir les Français Charles Nungesser et François Coli qui sont en train d’achever la première traversée aérienne de l’Atlantique sans escale depuis Paris. Mais jamais on ne reverra le biplan, pourtant signalé au-dessus de Terre-Neuve. La disparition de L’Oiseau blanc constitue l’un des plus grands mystères de l’histoire aéronautique.
Que sait-on au juste de l’affaire de L’Oiseau blanc ? Le 8 mai au matin, l’avion décolle de l’aéroport du Bourget, passe au-dessus d’Étretat, est ensuite identifié en Manche, puis sur la côte ouest de l’Irlande. Le matin du 9 mai, c’est à Terre-Neuve qu’un avion blanc est aperçu : jusque-là, le vol s’est donc déroulé comme prévu, c’est-à-dire par la route la plus courte entre Paris et New York (l’orthodromie). Sachant que L’Oiseau blanc a une autonomie de vol de 40 heures, il faut bientôt se rendre à l’évidence : un accident est survenu. Que s’est-il passé ? Pas question de mettre en cause l’erreur humaine : François Coli et Charles Nungesser sont des « as de l’aviation », qui ont soigneusement préparé leur raid. L’avion ? Ce Levasseur PL8, dérivé d’un PL4, a fait ses preuves, et son moteur Lorraine s’avère d’une fiabilité maximale.
Allégé en carburant, un choix fatal ?
L’Oiseau blanc présente, par ailleurs, une caractéristique originale : afin d’améliorer son aérodynamisme, après avoir décollé, il largue son train d’atterrissage. C’est donc sur l’eau qu’il se posera, sa coque étant « marinisée » afin de permettre un amerrissage. La météo ? La veille du décollage, les prévisions de tous les services prévoient des vents de secteur est pour la plus grande partie du vol, avec toutefois des chances
de trouver une perturbation à caractère orageux sur Terre-Neuve. Choix est donc fait de n’emporter que 3 800 litres de carburant, permettant un vol de 40 heures, au lieu des 4 025 litres que ses réservoirs peuvent contenir. Allégé, l’avion est à la fois plus maniable et plus rapide, mais son autonomie s’en trouve quelque peu réduite. Or, pendant le vol, la situation météorologique n’a pas évolué exactement comme prévu. La perturbation s’est activée et s’est opposée à L’Oiseau blanc alors qu’il se trouvait encore audessus de l’océan Atlantique, entraînant une surconsommation. Avait-il assez de carburant pour atteindre New York ? Aujourd’hui, les experts s’accordent à penser que non.
Des recherches qui restent vaines
À l’époque, plusieurs témoignages sont recueillis à divers endroits. Les premières recherches débutent autour de Harbour Grace, sur l’île de Terre-Neuve, puis au Québec dans les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de la rivière Péribonka. On ne trouvera rien. Bien plus tard, dans les années 1980, de nouvelles pistes seront envisagées. On retrouve aux États-Unis d’anciens témoignages qui conduisent à des recherches passionnées dans le Maine, vers Round Lake. Et surtout, en France, Roland Nungesser, neveu du pilote Charles Nungesser et ancien ministre, demande une enquête officielle. Elle est confiée à l’inspecteur général de l’Aviation civile, Clément Meunier, qui reconstitue donc les conditions météo et exhume de vieux témoignages. Les recherches s’orientent alors vers Saint-Pierre-et-Miquelon.
Quand la traversée devient un mythe
En 2008, un « voileux » se passionne pour L’Oiseau blanc : Bernard Decré, le créateur du Tour de France à la voile. Homme de média, il obtient que la Marine nationale effectue des recherches sous-marines. De son côté, il écume diverses archives, découvrant ainsi un rapport de l’US Coast-guard datant de l’été 1927 évoquant la découverte d’une paire d’ailes blanches. Les recherches de la Marine nationale, conduites en 2009, n’ont rien donné. Mais, ne perdant pas courage, Bernard Decré continue sa quête avec un financement privé. Il publie, en 2014, avec Vincent Mongaillard, L’Oiseau blanc, l’enquête vérité, aux éditions Arthaud.