Simone Bertière : « À la fin de son règne, Louis XIII ne supportait plus du tout Richelieu. »
Simone Bertière est historienne. Elle a récemment publié Louis XIII et Richelieu – La Malentente, (éditions de Fallois).
Votre ouvrage évoque les relations entre le roi Louis XIII et le cardinal Richelieu. Jusqu’à quel point ne s’aimaient-ils pas ?
Il n’y a jamais eu le moindre sentiment entre eux, dans la mesure où ni l’un ni l’autre ne se faisaient confiance. Richelieu craignait toujours de se faire renvoyer par Louis XIII et le roi redoutait sans cesse que Richelieu lui prépare un mauvais coup. Le monarque avait pourtant une admiration incontestable pour son ministre. Par la supériorité de ses raisonnements, Richelieu forçait Louis XIII à approfondir ses décisions. Ainsi, il orientait ses choix.
Comment Louis XIII vivait-il cette dépendance ?
Le roi râlait en permanence contre son ministre, le critiquait de manière ouverte, répandait toutes sortes de méchancetés sur lui. Les choses se sont gâtées quand, à la fin de son règne, Louis XIII s’est rapproché des dévots. À cause de sa politique de forte imposition et de taxes, Richelieu était très impopulaire. C’est le moment où, connaissant le goût du roi pour les beaux hommes, Richelieu lui a lancé Cinq-Mars dans les pattes. Avec la fin dramatique qu’on sait : le complot contre Richelieu et l’exécution du favori.
Comment Louis XIII a-t-il réagi quand on lui a annoncé la mort de Richelieu ?
Il n’a rien dit mais il a manifesté un soulagement évident. On a dit qu’il souriait lorsqu’il est sorti de la chambre du défunt. Peu avant de mourir, Richelieu a fait savoir à Louis XIII qu’il avait découvert que ce dernier avait tacitement consenti à la tentative d’assassinat par Cinq-Mars sur sa personne. Influencé par son favori, en effet, Louis XIII ne supportait plus son ministre. Au final, c’est tout de même Richelieu qui a gagné la partie. Le roi a suivi son dernier conseil : choisir Mazarin, son protégé, pour lui succéder !