Secrets d'Histoire

Amour, quand tu nous tiens…

Les rois ne se marient pas par amour. Ils obéissent à leur devoir, qui est de nouer une alliance ou de garantir un traité de paix. Conséquenc­e inévitable, ils ont des favorites, ou des favoris, et se laissent parfois dominer par l’objet de leur passion.

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S‘il est un « métier » difficile à exercer, c’est bien celui de maîtresse royale. Il exige de l’intelligen­ce et du caractère pour conserver une position riche en avantages mais âprement convoitée. « Ornements » d’une cour ou organisatr­ices des distractio­ns royales, les grandes favorites se sont, le plus souvent, contentées de jouer un rôle dans le domaine artistique. Madame de Montespan demeure ainsi la protectric­e de La Fontaine, de Lully, de Molière… Madame Du Barry a la réputation d’avoir été une grande mécène. Quant à madame de Maintenon, épouse secrète d’un Louis XIV vieillissa­nt, elle a été pour beaucoup dans sa bigoterie tardive : elle n’était préoccupée que du salut de son âme !

Des amantes férues de politique

Ce n’est que plus rarement que les maîtresses ambitionne­nt de se mêler de politique. Mais, quand c’est le cas, leur influence est décisive. Ainsi, Charles VII doit la reconquête de son royaume autant à sa chef de guerre Jeanne d’Arc qu’à sa favorite Agnès Sorel. La « dame de Beauté » l’a poussé vertement à mener ses armées au combat. De même, on prête à Gabrielle d’Estrées une grande emprise sur Henri IV. On lui devrait la signature de l’édit de Nantes, qui donne aux protestant­s la liberté de culte. Henri IV, qui l’aime au point de vouloir l’épouser, suit ses conseils. Il lui permet même, dit-on, d’assister, cachée derrière une tenture, aux entretiens qu’il mène avec les ambassadeu­rs. Anne de Pisseleu, Diane de Poitiers, madame de Pompadour sont elles aussi, chacune à sa manière, des maîtresses influentes.

Des favoris adeptes du complot

Jusqu’à Louis XIII, les rois s’entourent de favoris, un terme qui n’a pas de connotatio­n sexuelle. Même efféminés et couverts de bijoux comme le sont les « Mignons » d’Henri III, ils sont souvent de virils compagnons avec qui le roi aime discourir, escrimer, chasser… Vivant constammen­t avec eux, il leur accorde une oreille attentive. Les maîtresses royales doivent faire avec, même si ce n’est pas facile. Diane de Poitiers pâtit de l’inimitié qu’Anne de Montmorenc­y, favori d’Henri II, ressent à son encontre. Enfin, être l’ami du roi donne envie de comploter. Ainsi, pour plaire à Louis XIII, Cinq-Mars prétend éliminer Richelieu. Et comment ne pas songer, côté anglais, à la duplicité du duc de Buckingham, intriguant pour s’attacher les faveurs de Charles Ier après avoir été le favori du père, Jacques Ier ? Sur fond, il est vrai, d’une homosexual­ité de tous côtés déclarée.

Charles VII doit la reconquête du royaume autant à sa chef de guerre Jeanne d’Arc qu’à sa favorite Agnès Sorel.

 ??  ?? Françoise Athénaïs de Rochechoua­rt de Mortemart, portrait de Louis Ferdinand Elle (1648-1717). La marquise de Montespan devient la maîtresse de Louis XIV en 1667. L’époque où elle règne sur son coeur est la plus brillante du Roi-Soleil.
Françoise Athénaïs de Rochechoua­rt de Mortemart, portrait de Louis Ferdinand Elle (1648-1717). La marquise de Montespan devient la maîtresse de Louis XIV en 1667. L’époque où elle règne sur son coeur est la plus brillante du Roi-Soleil.
 ??  ?? Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII (1854), de JeanAugust­eDominique Ingres.
Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII (1854), de JeanAugust­eDominique Ingres.
 ??  ?? Madame de Maintenon à 25 ans: Françoise d’Aubigné, de Pierre Mignard (1612-1695).
Madame de Maintenon à 25 ans: Françoise d’Aubigné, de Pierre Mignard (1612-1695).

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