L’abbaye de Fontevraud
Fondée en 1101 par Robert d’Arbrissel, prédicateur visionnaire, l’abbaye de Fontevraud est le plus grand ensemble monastique de l’Occident chrétien. Elle s’étend en effet sur plus de 13 hectares. Sa construction, établie selon les règles bénédictines, s’est prolongée sur plusieurs siècles, ce qui explique la diversité de ses styles architecturaux.
Àla fin du xie siècle, la réforme grégorienne met de l’ordre dans la vie du clergé, condamnant notamment la vente d’indulgences. Le prêtre breton Robert d’Arbrissel tente en vain de promouvoir ladite réforme et, déçu, choisit de vivre en ermite. Nommé prédicateur apostolique par le pape Urbain II, il prêche sur les routes du Poitou, bientôt suivi par une troupe de plus en plus nombreuse d’hommes et de femmes de toutes conditions. Il décide alors de se fixer dans une forêt non loin de la Loire à la limite des trois évêchés : poitevin, angevin et tourangeau. Il prend une décision « révolutionnaire » : le monastère sera « double » (hommes et femmes) et inclura des personnes de toutes origines sociales et, fait exceptionnel, sera dirigé par une abbesse. Trente-six femmes se succéderont à la tête de l’abbaye. Dès la fondation, les dons affluent, permettant à Fontevraud de créer de nombreux prieurés en France mais aussi en Espagne et en Angleterre.
Un lieu dirigé par les femmes C’est avec l’arrivée au pouvoir des Plantagenêts que l’abbaye va connaître son apogée.
Les monarques anglo-poitevins en font leur nécropole royale et Aliénor d’Aquitaine y finira ses jours. Mais le déclin de cette prestigieuse dynastie affecte Fontevraud qui ne retrouvera sa splendeur qu’avec l’arrivée des abbesses de la maison de Bourbon, notamment de Gabrielle de Rochechouart, soeur de madame de Montespan et brillante érudite. Plus tard, Louis XV confiera l’éducation de quatre de ses filles à Louise de Rochechouart, qui a succédé à sa tante.