La légende noire de la reine Margot
Le portrait d’une femme dépravée et manipulatrice puise ses origines dans un pamphlet, le Divorce satyrique (1607). Mais qui était Marguerite de Valois ? Que sait-on de sa vie amoureuse, puisque c’est cela qui a tant fait couler d’encre ?
Lorsqu’elle meurt, en 1615, la reine Marguerite est une femme admirée : la cour brillante qu’elle animait à Paris est reconnue pour les talents exceptionnels qu’elle attire ; le sens de l’État dont elle fait preuve lors de son divorce et les services qu’elle a rendus loyalement au roi, puis à la Couronne, ont permis une transition harmonieuse entre les dynasties des Valois et des Bourbon.
Un ancien proche à l’origine de la légende
Pourtant, rapidement, une légende noire se tisse, obscurcissant durablement l’image de la dernière des Valois. Si des rumeurs à la Cour ont alimenté le mythe, un ouvrage creuse le sillon d’une femme sans morale : le Divorce satyrique, rédigé anonymement vers 1607. Ce pamphlet est aujourd’hui attribué à Agrippa d’Aubigné, un ancien écuyer protestant d’Henri de Navarre. D’abord proche du couple royal (il est accueilli à Nérac et Marguerite intègre ses écrits dans son recueil d’oeuvres préférées), Agrippa d’Aubigné finit par s’éloigner, puis par rompre. Intransigeant, il est déçu par la conversion du roi et par le favoritisme fait, selon lui, aux catholiques. À travers sa femme, c’est Henri IV qu’il vise. Dans le Divorce satyrique, il fait parler le roi sur les raisons de leur séparation. Il décrit une Marguerite débauchée, un monstre de lubricité couchant avec des hommes sous sa condition et ayant des relations sexuelles avec ses propres frères.
Le mythe d’une femme dépravée
Marguerite porterait malheur à ses amants. Elle aurait même demandé à récupérer la tête décapitée de l’un d’entre eux, La Molle, pour l’embrasser une dernière fois avant de l’enterrer de ses propres mains. Elle aurait toujours haï son mari, et aurait eu des enfants cachés de ses amants. Fatalement, ces accusations rejaillissent sur un Henri IV tourné en ridicule, complaisant et lâche : ne sachant pas « tenir sa femme », il ne saurait tenir un royaume. Les siècles suivants, les auteurs perdent de vue la dimension pamphlétaire du Divorce et le considèrent comme