Secrets d'Histoire

L'édito de Stéphane Bern

- Stéphane Bern

« Je ne me soucie pas qu’il m’aime, je me soucie qu’il m’épouse. » C’est en ces termes que Mademoisel­le de Blois, fille légitimée de Louis XIV et de sa maîtresse Madame de Montespan, envisage en janvier 1692 (elle a 15 ans) son mariage avec Philippe d’Orléans, futur Régent. Qui seulement se soucie de ses sentiments, tandis que la mère du mari, la princesse Palatine, s’indigne de voir le roi marier son neveu à sa fille « bâtarde » mais que l’abbé Dubois, précepteur de Philippe, encourage afin de renforcer sa position ? Que de romans autour des mariages royaux ! Aujourd’hui, l’amour triomphe dans les cours royales, où les mariages se mettent au diapason de la société comme en témoigne l’union du prince Harry de Galles avec l’actrice américaine divorcée Meghan Markle. Cela n’a pas toujours été le cas. Dans l’ancienne monarchie française, les princes et les princesses servaient les intérêts de leur famille, d’abord pour agrandir le pré carré du royaume, ensuite pour tisser des alliances diplomatiq­ues ou… remplir les caisses vides de l’État.

Ce numéro de Secrets d’Histoire magazine vous entraîne dans les coulisses des noces d’Anne de Bretagne, l’héritière tant convoitée, presque forcée d’épouser deux rois de France successifs (Charles VIII et Louis XII) pour faire entrer le duché dans le domaine royal, l’union du Vert Galant Henri IV avec la riche banquière florentine Marie de Médicis, puis les mariages espagnols de Louis XIII et Louis XIV avec des infantes garantes de la paix des deux côtés des Pyrénées, les alliances autrichien­nes de Louis XVI et de Napoléon Ier… Il est vrai que l’impératric­e Marie-Thérèse, fidèle à la tradition des Habsbourg depuis le mariage de Maximilien Ier avec Marie de Bourgogne, s’efforça de caser ses filles sur tous les trônes d’Europe pour étendre sa sphère d’influence : « Pendant que les autres font la guerre, sois heureuse, Autriche, tu te maries… » Jusqu’à la deuxième partie du xxe siècle, les mariages royaux obéissaien­t encore à ce que les Allemands appelaient l’« Ebenbürtig­keit », l’égalité de naissance. Cette notion fait frémir aujourd’hui mais elle évitait alors tout faux pas matrimonia­l et écartait du trône tous ceux qui n’étaient pas sur la liste magique de l’Almanach de Gotha. D’où l’expression : « Appartenir au Gotha »… Depuis, les Couronnes sont réconcilié­es avec l’amour et le bonheur conjugal des princes est plus important que l’alliance dynastique, si bien que toutes les reines –ou futures reines – d’Europe sont à présent d’origine populaire. Une évolution historique que nous vous racontons dans ces pages… Mais à l’heure où la presse anglaise se penche sur quatre étés mystérieux, de 1934 à 1937, dans la vie de sir Winston Churchill, parti roucouler sur la Côte d’Azur avec Lady Castleross­e, le Vieux Lion reste un héros des deux côtés de la Manche pour sa bravoure, sa ténacité pendant les « Heures sombres » de la guerre que ressuscite le film de Joe Wright.

Pour autant, soucieux de répondre au mieux à vos attentes par sa richesse et sa variété, Secrets d’Histoire magazine vous offre une formidable plongée dans notre Histoire avec les portraits de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord et CinqMars, une découverte de la Cappadoce ou un retour aux sources d’institutio­ns aussi fortes que le GIGN ou la biscuiteri­e LU. C’est dire si la lecture s’annonce savoureuse et passionnan­te. Merci à tous de votre fidélité.

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