UN PAYS PEUPLÉ DEPUIS LA PRÉHISTOIRE
Les guides de voyages présentent toujours ensemble le Périgord et le Quercy, qu’aucune frontière naturelle ne sépare. Pour déterminer ce qui appartient à l’un et à l’autre de ces pays, une seule référence fait loi : les limites des départements. Aujourd’hui, le Quercy correspond donc au département du Lot et à la partie Nord du Tarn-et-Garonne, autour de Montauban et de Moissac.
Le Quercy se distingue par ses paysages : les causses, plateaux calcaires entaillés par des vallées encaissées comme des canyons et creusés de gouffres, tel l’immense Padirac où coule une rivière souterraine. Ainsi, deux mondes voisinent à deux étages différents. Sur les causses, bien que l’altitude se situe autour de 300 m seulement, on ressent une rudesse de hauts plateaux, illustrée par une végétation basse, où prédominent genévriers, caroubiers, genêts, nerpruns. Ici, des troupeaux de moutons paissent dans des parcelles délimitées par des murets de pierre sèche, matériau trouvé sur place qui permet aussi de bâtir des cabanes (les « caselles »). Quant aux vallées, se succèdent du nord au sud les grands affluents de la Garonne. Ce sont la
Dordogne, le Célé qui vient rejoindre le Lot, puis l’Aveyron qui luimême grossit le Tarn. La rivière la plus connue est la Dordogne dont nul n’ignore qu’en rejoignant la Garonne, elle fait naître la Gironde. C’est elle aussi qui a inspiré le roman La Rivière Espérance à Christian Signol, natif du village Les QuatreRoutesduLot… Toutes ces rivières offrent le même paysage de gorges souvent vertigineuses, au fond desquelles la voie d’eau dessine des méandres presque fermés, les cingles. Là, sous des àpics qui dépassent les 100 m, vit un monde plus bucolique que celui des causses. En effet, les alluvions emportées par le courant se déposent dans les courbes des cingles : sous un climat clément, cette terre riche se prête à la culture du maïs, des arbres fruitiers et, vers Cahors notamment, de la vigne. De plus, ces vallées ont depuis toujours servi de voies de communication. Ce, depuis la préhistoire, comme en témoignent les peintures ornant la grotte du Pech Merle, sur le Célé. Au Moyen Âge, à la grande époque du pèlerinage de Compostelle, la route du PuyenVelay, traversant le Quercy, possède ses grandes étapes dans les vallées : Figeac, SaintCirqLapopie, Cahors, Moissac…
Du nord au sud, se succèdent les grands affluents de la Garonne : Dordogne, Célé, Lot, Aveyron, Tarn.
Les bastides, places de contre-pouvoir
Bien que constituant, depuis le viiie siècle, un comté du royaume d’Aquitaine, le Quercy a toujours vécu sous l’autorité de plusieurs grandes familles et non sous celle d’un seigneur unique. Les conflits divers qui ne manquent pas d’opposer les Gourdon, Cardaillac, Castelnau, Turenne, SaintSulpice… aggravent les conflits interminables ; ainsi pendant la guerre de Cent Ans ou les guerres de Religion, lorsque ces potentats locaux passent d’un camp à l’autre, au gré de leurs intérêts immédiats. C’est pour créer un contrepouvoir à ces chefs que, dans la seconde moitié du xiiie siècle, des souverains aussi différents que le comte de Toulouse, des sénéchaux aux ordres du roi de France ou du roi d’Angleterre créent, sur leurs territoires respectifs, des villes ex nihilo : les bastides.
Terres du bien-vivre
Le principe d’une bastide ? Pour le prix d’une parcelle de terrain, les colons intéressés obtiennent franchise fiscale et divers avantages. Ensuite, elle est administrée par des consuls, élus parmi les habitants. Le Quercy possède ainsi une douzaine de ces cités nouvelles : Beauregard, CastelnauMontratier, LabastideMurat, Montauban, Montcabrier, Rudelle… La succession des conflits régionaux leur donne un rôle stratégique, lequel inspirera des plans d’urbanisme originaux pour faciliter la défense des lieux, ainsi le plan en damiers organisé autour d’une place encadrée par des arcades. Ce sont ces dernières qui, en accueillant les étals des marchés, mettent aujourd’hui en évidence cette caractéristique que le Quercy partage avec son voisin, le Périgord : l’art du bienvivre.