La monnaie, de l’obole au franc
Quel est le point commun entre l’obole, le liard, le carolus, l’aignel et le teston ? Toutes sont des pièces de monnaie en circulation sur le territoire français au Moyen Âge, différentes par le dessin figurant sur une des faces, le poids et la région où elles ont été gravées. Car la frappe de la monnaie est le fait des seigneurs et des abbayes, chacun l’organise à sa guise, changeant le poids, la taille et le titre sans aucune réglementation.
L’édit de Pépin
Le premier à avoir fait une tentative d’uniformisation est Pépin le Bref. En 755, le concile de Ver affirmait le monopole royal de la frappe de la monnaie. Son successeur Charlemagne poursuivit sur la même voie et posa les bases d’un véritable système financier avec le denier d’argent : 1 livre vaut 20 sous ou 240 deniers. Il imposa également que la marque royale figure systématiquement sur chaque pièce. Malheureusement, la monnaie unique de l’Empire carolingien ne tint pas face aux invasions Vikings, aux troubles intérieurs et à l’ambition des seigneurs qui peu à peu détournèrent le droit de frapper monnaie à leur propre avantage. Arrivé sur le trône, Louis IX sait qu’il va devoir continuer la réforme monétaire entreprise par son grandpère, Philippe-Auguste. Soucieux de restaurer la monnaie royale, celui-ci a imposé une nouvelle pièce, le denier tournois.
L’écu de Louis IX
Louis IX impose le gros tournois, une véritable monnaie royale qui inspire confiance, qui vaut 12 deniers d’argent. Il va même plus loin en créant l’écu d’or, qui n’est pas destiné à circuler, mais à servir de référence et à consolider la monnaie royale. À la mort de Louis IX, le pays est revenu à la stabilité monétaire. Quant au franc, il apparaît en 1360 sous le règne de Jean II le Bon. Il vaut une livre tournois, soit 20 sous tournois. Il est créé au retour du roi prisonnier des Anglais et là encore, est destiné à inspirer confiance à un pays malmené par la guerre de Cent Ans et les nombreuses dévaluations. Il est dénommé franc, comme l’est le roi, c’est-à-dire libre, délivré des Anglais comme le pays doit l’être de la crise financière ; et franc, pour rappeler les origines franques du peuple français face à l’envahisseur, et la légitimité du descendant des Valois à être le Rex Francorum (roi des Francs).