Les tribulations d’un drapeau
Il n’y a pas plus républicain que notre drapeau tricolore, qui flotte sur tous les monuments et les administrations. Et pourtant, c’est à un roi que l’on doit son adoption définitive !
Le ralliement de Louis-Philippe
31 juillet 1830. Paris en est à son troisième jour d’insurrections. Avec ce qu’on appellera les Trois Glorieuses, la France connaît sa deuxième révolution et chasse du trône Charles X et sa famille. Les députés prennent la main et conduisent le pays vers une monarchie constitutionnelle. Après Charles Bourbon, il faut changer de dynastie, ils font appel au duc de Chartres son cousin, de la branche d’Orléans, le futur LouisPhilippe. Après quelques feintes hésitations, le temps de s’assurer que la situation lui est favorable, celui-ci accepte le titre de lieutenant général du royaume. Conviction ou nécessité de renforcer sa légitimité ? Dans un discours destiné aux députés, Louis-Philippe affirme : « En rentrant dans la ville de Paris, je portais avec orgueil ces couleurs glorieuses que vous avez reprises et que j’ai moi-même longtemps portées », rappel de sa participation aux côtés des armées républicaines dans les batailles de Jemmapes et de Valmy. Le lendemain il fait placarder dans les rues des affiches procla
mant que la nation est autorisée à reprendre le drapeau de la République. Louis-Philippe a fait patte tricolore… Le 9 août 1830, il est intronisé « roi des Français » et non plus sacré « roi de France » comme ses prédécesseurs.
Lamartine contre le drapeau rouge
En 1848, lorsque le roi citoyen sera contraint d’abdiquer, les Républicains voudront instaurer le drapeau rouge, rappel de la fusillade du Champ-de-Mars, le 17 juillet 1791, quand les partisans de la République furent massacrés par la Garde nationale. Né le même jour que l’adoption du drapeau, le 21 octobre 1790, le poète Lamartine volera au secours du drapeau tricolore en s’écriant dans un discours : « Le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars [...] et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie. » Après la chute du Second Empire, c’est à notre drapeau que l’on devra de ne pas restaurer la monarchie. En effet, le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, refusera d’adopter le drapeau tricolore tandis que la Chambre s’opposera mordicus au drapeau blanc.